La Russie et la Chine ont opposé leur veto, hier au Conseil de sécurité de l'ONU, à une résolution occidentale menaçant le régime syrien de sanctions. Un nouvel échec, alors que les violences en Syrie ont fait mercredi plus de 200 morts, plonge le pays dans une situation explosive. Ce jeudi marque un tournant dans le conflit en Syrie. D'une part, parce qu'il sera désormais difficile, voire impossible, pour le régime syrien de renverser la tendance. Il vacille au point que la plupart des observateurs internationaux sont d'accord pour dire qu'il ne lui reste plus que quelques semaines avant de chuter. D'autre part, parce qu'un nouveau blocage à l'ONU – la Russie et la Chine ont opposé leur veto à une résolution du Conseil de sécurité – a été fatal pour la mission dirigée par l'émissaire Kofi Annan. Le veto des alliés de la Syrie intervient alors que les combats font rage dans la capitale syrienne entre les forces régulières et l'opposition armée. Le projet de résolution occidental, déposé par la France, les Etats-Unis, l'Allemagne, le Portugal et le Royaume-Uni, brandissait la menace de sanctions économiques contre Damas, si les forces syriennes ne cessaient pas d'utiliser leurs armes lourdes contre l'opposition dans les dix jours. Il prolongeait aussi pour 45 jours la mission des 300 observateurs de l'ONU en Syrie (Misnus), déployés depuis mi-avril mais qui ont suspendu leur activité en juin en raison de la poursuite des combats. Le Conseil doit encore prendre une décision sur le sort de la Misnus avant ce soir, date à laquelle expire le mandat de 90 jours de la mission. Le chef des observateurs de l'ONU, le général Robert Mood, a quitté Damas pour rejoindre Genève. La Maison-Blanche n'a pas caché sa déception, estimant que le Conseil de sécurité de l'ONU a «totalement échoué» dans la crise syrienne et veut désormais travailler «en dehors du Conseil» pour faire pression sur Damas, a déclaré l'ambassadrice américaine Susan Rice. Les rebelles syriens, eux, ont pris hier le contrôle d'un poste à la frontière avec la Turquie, une première depuis le début de la révolte contre le régime de Bachar Al Assad il y a 16 mois, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). A cette occasion, le ministre israélien, Ehud Barak, a prévenu hier : «Israël se tient prêt à bloquer tout afflux de réfugiés syriens, s'il faut arrêter des vagues de réfugiés, nous le ferons.»