La Russie a accusé les Occidentaux d'exercer un chantage pour la forcer à accepter des sanctions contre le régime syrien, avant de recevoir aujourd'hui le médiateur international Kofi Annan dont elle oppose le plan de paix à toute forme d'ingérence. “À notre grand regret, on voit des éléments de chantage" dans les négociations au Conseil de sécurité de l'ONU, a déclaré le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, lors d'une conférence de presse consacrée au conflit en Syrie, à quelques heures de l'arrivée d'Annan au Kremlin, à l'initiative de son locataire Poutine. Un accord russe à une résolution fondée sur le chapitre VII de la Charte de l'ONU, qui prévoit la possibilité de sanctions, sinon pas de prolongation du mandat des observateurs, telle serait le chantage. Les Russes ont rejeté l'utilisation des observateurs comme une monnaie d'échange, mais ne proposent rien si ce n'est l'impunité pour le régime syrien. Les négociations la semaine dernière au Conseil de sécurité de l'ONU sur un projet de résolution sur la Syrie ont tourné au bras de fer entre les Occidentaux et la Russie et les Etats-Unis menacent, si des sanctions ne sont pas retenues comme moyen de pression, de ne pas prolonger le mandat de la Mission des observateurs de l'ONU en Syrie (Misnus), qui expire le 20 juillet. La Russie qui insiste sur la nécessité d'un cessez-le-feu simultané et sur le partage des responsabilités dans la crise, a soumis un projet de résolution qui prolonge de trois mois le mandat des observateurs, sans évoquer la menace de sanctions. Moscou a bloqué deux projets de résolution au Conseil de sécurité de l'ONU depuis le début en mars 2011 de la révolte contre le régime de Damas, qui a tourné à la guerre civile et a fait plus de 17 000 morts, en majorité civils, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Moscou rejette aujourd'hui les affirmations occidentales selon lesquelles la clé de la crise se trouvait à Moscou, qui pourrait convaincre Bachar Al-Assad de quitter le pouvoir. “Ce n'est tout simplement pas réaliste", a déclaré le ministre russe des AE ! Pourtant, la Russie a soutenu le plan de Kofi Annan, la résolution du Conseil de sécurité et le communiqué de Genève du 30 juin sur un processus de transition en Syrie. La Chine, autre membre permanent du Conseil de sécurité, qui a rejeté avec Moscou toute sanction contre Damas, s'est néanmoins quelque peu démarqué avec le dernier carnage de l'armée syrienne en appelant Damas à de la retenue. Les efforts de médiation de la communauté internationale sont au point mort face à l'intensification des combats et à de nouveaux massacres comme celui de Treimsa (plus de 150 morts selon l'OSDH). Les combats ont gagné la capitale syrienne, théâtre depuis dimanche, de combats d'une violence sans précédent, selon une ONG syrienne, entre soldats, sous les ordres de Maher Al-Assad, frère du chef de l'Etat syrien, et rebelles. Les opérations se rapprochent de la route de l'aéroport international dans le sud de Damas. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a, de son côté, estimé que les combats en Syrie constituaient désormais une situation de guerre civile et souligné à l'intention de toutes les parties que “le droit international humanitaire doit s'appliquer". Les troupes du régime ont lancé une offensive sans précédent pour tenter de reprendre le contrôle de quartiers périphériques du sud, de l'ouest et de l'est de la capitale favorables aux opposants. Selon des militants, toutes les routes reliant Damas à sa province ont été coupées. D. B.