Sujet tabou par excellence, les pannes sexuelles commencent à être médicalement évoquées. Si ailleurs les médecins généralistes sont de plus en plus sensibilisés aux cas de dysfonction érectile (DE), il est regrettable de constater qu'en Algérie, l'impuissance sexuelle ne compte pas vraiment au nombre des curiosités de nos praticiens généralistes. En France, on en parle de plus en plus, aussi bien dans le cercle des professionnels de la santé qu'à travers des campagnes médiatiques publicitaires destinées au grand public. Une excellente étude de l'Association internationale hospitalo-universitaire de sexologie (AIHUS) présidée par le professeur Costa, urologue de renom, vient d'être publiée. Avec 200 pages de conseils pratiques destinés particulièrement aux médecins généralistes, le document se propose d'aider ces derniers à mieux traiter la dysfonction érectile. Dans l'inventaire des causes de celle-ci, on relève, par ailleurs, l'âge, les antécédents médicaux, l'hypertension artérielle, le diabète, les pathologies cardiovasculaires et la prise de certains médicaments. Il y a aussi les œstrogènes et les chimiothérapies. Certains hypolipémiants utilisés pour faire baisser le taux de cholestérol seraient porteurs d'effet antiandrogène. Quant aux antidépresseurs et antipsychotiques, il est prouvé, selon le professeur Costa, qu'ils ont un impact négatif sur la libido masculine. Il est, en outre, admis médicalement que le tabac et l'alcool contribuent à la perte d'érection. L'approche du sujet passe au niveau des médecins généralistes pour comprendre dans leur questionnaire primaire sur l'état de santé général de tout patient, quelques interrogations simples en relation avec sa sexualité que le concerné n'ose pas aborder. Une fois les pannes détectées, il est assez facile d'en situer l'origine et, partant, de prescrire le traitement adéquat. Les spécialistes andrologues sexologues, de plus en plus nombreux ailleurs, préconisent la contribution de l'épouse à la prise en charge du traitement. Ils suggèrent même sa présence aux consultations chez le médecin. Encore faudrait-il que le patient le veuille bien, ce qui n'est pas évident, préférant assurer seul la gestion de ce qu'il considère être son problème strictement personnel, son jardin secret. Depuis l'apparition du Viagra, on en est venu à espérer que la pilule bleue résoudrait le problème : fausse joie pour ceux atteints d'insuffisance cardiaque par exemple auxquels elle ne peut être prescrite. De plus, ce genre de médicament (Cialis, Levitra...) ne peuvent rien pour susciter le désir et ne sont efficaces que pour provoquer l'érection. En raison des multiples effets qu'ils peuvent provoquer, comme les maux de tête, rougeurs du visage, troubles de la vision, malaises digestifs, etc., il y a exigence à ne les utiliser que sur prescription médicale. Casser le tabou peut passer par l'intervention du généraliste qui dispose au niveau de l'entretien primaire avec son patient à la fois de la confiance de ces derniers et de l'opportunité de soulever systématiquement les questions qui conviennent en relation avec le sujet. Il restera ensuite à examiner de près l'aspect financier du traitement qui ne doit pas être considéré comme un médicament de confort. Le prix public du Viagra n'est pas vraiment accessible aux petites bourses : son coût actuel est en lui-même un élément de blocage... du désir.