Il y a vingt ans, l'athlète Hassiba Boulmerka, spécialiste du demi-fond, avait offert la première médaille d'or à l'Algérie en remportant le 1500 m lors des Jeux olympiques de Barcelone, 1992. Une consécration attendue dans la mesure où une année avant, Hassiba Boulmerka avait été sacrée championne du monde du 1500 m à l'âge de 23 ans au cours des 3es Mondiaux d'athlétisme de Tokyo 1991. Après le sacre olympique, Hassiba Boulmerka a enchaîné d'autres titres aux Championnats du monde. A la veille des JO de Londres, Boulmerka revient sur son riche parcours : «La médaille d'or historique des JO de Barcelone est le fruit d'un énorme sacrifice. Les gens n'imaginent pas que le sacre olympique se prépare à long terme. Sans la base d'une planification rigoureuse et une grande concentration, on ne parviendra jamais au sommet. Comme je l'ai maintes fois affirmé, l'athlétisme est une discipline douloureuse. Pour réussir, il ne faut pas brûler les étapes. J'ai débuté l'athlétisme en 1983 avant de connaître la gloire en 1991.» S'agissant de la régression de l'athlétisme algérien qui sera présent à Londres avec une minuscule sélection de six athlètes, Boulmerka indique : «Il ne faut pas s'étonner de la régression de l'athlétisme algérien. Il n'y a ni base, ni pôle de développement, encore moins des camps d'entraînement dignes de ce nom. Les infrastructures médicales sportives font défaut. Le CNMS fut à l'époque un véritable joyau pour les athlètes de performance. Les meilleurs entraîneurs algériens ont été poussés à émigrer vers les pays du Golfe. Tout cela à cause d'une mauvaise politique du sport. En Algérie, on privilégie le football, par rapport à d'autres sports qui ont donné des satisfactions au pays. Je me pose la question : est-ce que l'athlète d'élite a un véritable statut ? Voilà aujourd'hui l'amer bilan du sport national. C'est l'échec de la politique de Hachemi Djiar, car depuis qu'il est à la tête du MJS, il n'a pas cessé de duper l'opinion publique en déclarant, il y a quatre années, que la relève sera assurée pour les JO de Londres. Aujourd'hui, non seulement l'Algérie va participer avec une délégation réduite de 35 sportifs, mais pratiquement avec les mêmes athlètes. Après Londres, on va nous ressortir le sempiternel refrain : ‘‘Attendez-nous aux JO de Rio 2016.'' On a perdu beaucoup de temps avec de pareils slogans. Quand il y a des responsables sportifs exceptionnels, il y a des résultats exceptionnels. En Algérie, les symboles ne sont guère considérés. Même sur les écrans de l'ENTV, on donne toujours la parole à ceux qui n'ont pas un palmarès mondial pour faire des analyses.» A la question de savoir quel est le remède pour que le sport national retrouve son lustre d'antan, Boulmerka révèle : «Il faut une vraie volonté politique et surtout des gens honnêtes qui soient du domaine. Le désengagement des entreprises du sport a pesé beaucoup. Je suis moi-même le fruit de la réussite de la reforme sportive.» Et de conclure : «Je lance un appel aux sportifs algériens : relevez le défi et honorez l'Algérie à Londres !»