Jamais peut-être cet état de gel institutionnel n'a été autant incarné que par la situation actuelle que connaît le pays depuis les dernières élections législatives. Sept ministères sont dépourvus de leurs ministres, dont six d'entre eux sont devenus députés. Celui de la Justice par contre a cédé son maroquin pour présider le Conseil constitutionnel. Une vacuité au sein de l'Etat qui touche des secteurs importants comme l'Enseignement supérieur, l'Aménagement du territoire, les Travaux publics, le Travail et la Sécurité sociale, les Télécommunications et les Transports, et qui n'est pas sans conséquences sur la vie des citoyens à la veille de la rentrée sociale. D'ores et déjà, les étudiants se plaignent du retard pris dans les inscriptions des nouveaux bacheliers, notamment dans les choix des filières et craignent, en effet, que ce ne soit là qu'un avant-goût des difficultés qui les attendent. Les citoyens ont sans doute toutes les raisons d'être encore plus inquiets quant aux répercussions de cette vacuité de l'Etat qui touche un cinquième du gouvernement, notamment en cette période censée être consacrée à la préparation de la rentrée sociale. Or, sur ce plan, rien n'est fait ou presque, sachant qu'en temps normal, l'été ou le Ramadhan ne sont pas propices à la prise de décision et obligent les activités sectorielles à tourner, au mieux, au ralenti pour ne pas dire qu'elles sont à l'arrêt durant au moins un mois. Ce vide au niveau de l'Etat et la gestion par intérim ne font qu'aggraver les choses. D'autant que les autres ministres en place ne semblent pas faire preuve d'une grande ingéniosité quand ils ne sont pas tout simplement en panne d'idées face aux dérèglements qui affectent les secteurs dont ils ont la charge. Face aux tensions que connaissent le commerce des produits de première nécessité et celui des fruits et légumes, le ministre du Commerce n'a rien trouvé de mieux que d'envisager de retourner aux circuits étatiques de distribution pour mettre de l'ordre sur les marchés ! La situation est donc encore préoccupante au niveau des ministères concernés par cette gestion par intérim et où les fonctionnaires sont les premiers à déplorer la léthargie voulue et entretenue dans laquelle sont plongées leurs administrations respectives. Voulue par le président Bouteflika qui, jusqu'à présent, n'a pas songé à remanier le gouvernement en conséquence. Une situation que même les thuriféraires du régime et autres encenseurs du Président déplorent et pas uniquement au sein de ce qui reste de l'Alliance présidentielle appelant le premier magistrat à mettre fin, en des termes policés, à la paralysie institutionnelle. Mais, en apparence, le Président n'en a cure. Le fait du prince obligeant dans le cas présent les courtisans au silence et à oublier les préoccupations des citoyens. C'est là le propre de tout régime autoritaire d'être totalement autiste aux attentes des administrés.