400 nouveaux points de vente grossissent le marché informel depuis le début du Ramadhan. Des produits avariés sont écoulés sans aucun contrôle de la DCP ou des services de sécurité. Conserves, yaourts, barres de chocolat, produits laitiers et même de la soupe de poissons... Sur la route de Aïn Taya, des revendeurs étalent, sous une chaleur de plomb, leur marchandise au bord du CW119 qui mène, quelques kilomètres plus loin, à la ville de Rouiba. Des dizaines d'automobilistes jouent des coudes pour s'approvisionner chez ces marchands installés dans un décor champêtre. Le succès est assuré pour ce marché sauvage. La file d'automobiles, garées presque sur la chaussée, grandit chaque jour. Mais dans ce décor point d'agents de police ou de gendarmes. Point d'inspecteurs de la direction de contrôle des produits (DCP) dont les effectifs ont pourtant été renforcés durant le mois de Ramadhan. Le phénomène de vente de produits périmés s'est répandu. Des vendeurs à la sauvette, qui squattent les rues, ont trouvé un nouveau filon : écouler des produits avariés à bas prix.L'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) met en garde contre la prolifération du marché informel de produits avariés. «400 nouveaux points de vente informels grossissent le marché noir depuis le début du mois de Ramadhan. Ils s'ajoutent aux 2000 points déjà recensés. La vente de produits avariés sur les trottoirs est un phénomène qui s'est généralisé. Des clients s'approvisionnent dans ces marchés qui ne sont malheureusement jamais contrôlés, d'où la hausse des cas d'intoxication recensés par les services des urgences des hôpitaux», constate le porte-parole de l'UGCAA, M. Boulenouar. Collecte de produits périmés ! De véritables réseaux collectent ces produits «pas chers» qui représentent un réel danger pour santé publique. «Des réseaux bien organisés et hiérarchisés collectent ces produits périmés et les revendent sur les trottoirs des quartiers. Ces personnes, constituées en véritables bandes, collectent des produits périmés chez les grands distributeurs ou dans les usines. S'ils sont interpellés, ils disent que ces produits sont destinés aux chiens ou aux poules. Plus de 5000 tonnes de produits avariés, y compris des pastèques irriguées aux eaux usées, ont été ainsi écoulés depuis le début du mois sacré», signale M. Boulenouar. Les autorités ne semblent pas décidées à s'intéresser de près à ces réseaux qui vendent sans craindre une quelconque autorité. «La DCP ne contrôle pas l'informel. Ce n'est pas dans ses prérogatives. Il en est de même des services de sécurité (gendarmerie, police) qui laissent faire. Le phénomène s'est répandu dans l'impunité générale», se désole le porte-parole de l'UGCAA. Selon des sources, la Gendarmerie nationale a décidé de mener des enquêtes nationales sur les personnes engagées dans les opérations «couffin du Ramadhan», après l'arrestation d'un commerçant qui s'apprêtait à livrer des marchandises périmées à l'APC de Khaïri Oued Adjal, dans la daïra de Milia (Jijel). La Fédération nationale des consommateurs (FNC) a appelé les consommateurs à rester vigilants et à éviter de s'approvisionner en «produits périmés proposés à bas prix».