Des citoyens originaires des localités des monts de l'Atlas blidéen, situées entre les communes d'El Hamdania, Ouzera et El Omaria (nord de la wilaya de Médéa), ont adressé récemment une demande au wali de Médéa pour les aider à retourner sur leur terre avec laquelle ils sont coupés depuis presque deux décennies en raison de la situation sécuritaire. Ces tribus relevant de Beni Messaoud ne demandent que l'aide qui soit à la mesure de la valeur ajoutée qu'ils espèrent apporter à l'économie rurale de toute la région du nord de la wilaya de Médéa si, espèrent-ils, les autorités locales apportent l'effort nécessaire de réintégration de ces habitants. «Allez voir dans les années 1980, et vous verrez ce que vous diront les nostalgiques de cette époque. Ce sont les montagnards qui approvisionnaient la ville de Médéa des produits maraîchers d'excellente qualité. Les villageois apportaient aussi des quantités impressionnantes de miel, d'huile d'olive, des olives, des thazarth (figue séchée) mais aussi de la viande de moutons qu'on écoulait sur les marchés locaux à des prix très compétitifs», le pas encore alerte, débite avec fierté un villageois d'Ouzera. Ces habitants appartiennent à la grande tribu notamment des Beni Messaoud et sont répartis sur les localités d'El Ahouadh, Djarah, Zaâtit, El Djouaba, Ouled Ali Moussa, Boughlel, dépendant ainsi de la commune d'El Hamdania. La plupart de ces bourgades restent enclavées en raison de la dégradation des chemins vicinaux envahis par la broussaille, l'effondrement de leurs anciennes bâtisses au style ancien, la disparition de leurs vergers soit par les incendies répétés ou par des actes de vandalisme. Plus au sud, d'autres douars dépendant de la commune d'Ouzera, tels que Ouled Hammadi, Fendoucha, Hachada, Ouled El Kheïr, Tabouza, El Ghorfa, Ras El Oued, demandent surtout des subventions qui leur permettent de lancer des projets de cultures extensives nécessitant des creusement des puits, la dotation en semailles ou encore, veulent-ils, se lancer dans des projets d'apiculture, d'élevage bovin, ovin ou caprin. Même diagnostic concernant les villages d'El Badarna, El Aouaga, Sidi Mahieddine et El Djabassa relevant de la localité d'El Omaria, ex-Champlain (nom d'un explorateur français qui a découvert une région du Canada). Des villages oubliés Les villages désertés par les populations dans les années 1990 ont été complètement saccagés, des poteaux électriques déracinés, des maisons effondrées et des axes routiers très dégradés. Ces trois zones qui disposent pourtant d'immenses terres agricoles fertiles sur le piémont sud de l'Atlas, sont restées durant plus de deux décennies, cloisonnées et désertées, obligeant les habitants à l'exode forcé vers les communes périphériques de Blida dont Bouarfa et Ouled Yaïch. «Nous demandons l'application des mesures d'aide en faveur d'un retour massif à nos lopins de terre. Nous demandons le désenclavement de nos villages par la réhabilitation et la réouverture des routes et le rétablissement de la sécurité ainsi que les structures d'accompagnement. Nous sommes pour le retour des postes avancés et des points d'observation qui doivent être placés à chaque 1000 mètres au maximum et ceci afin de sécuriser les zones les plus reculées au fond de la montagne», réclament l'ensemble des villageois rencontrés. Il y a quelques années, les autorités locales ont lancé des projets de construction des regroupements, mais ces élucubrations, glosées tout haut par les autorités locales n'ont abouti à aucune réalisation. «Ils nous ont convoqués au niveau des communes et des daïras, des listes ont été préparées, parfois comportant plus de 300 postulants engagés à revenir dans leurs villages d'origine, mais, depuis, il n'y a eu aucune suite pour des raisons qui nous restent pour le moins méconnaissables», se désole un originaire de la commune d'El Hamdania, habitant maintenant à Blida. Il n'est pas à démontrer que la réhabilitation des zones montagneuses permettra le retour au bercail de ces tribus amazighes très enracinées dans leurs terres et qui maintenant, pour la plupart d'entre eux, vivent dans des conditions lamentables dans les villes limitrophes. C'est aussi, une manière de contenir l'exode rural et d'alléger ainsi la pression sur les grandes villes. D'autres zones, à topographie facile, ont bénéficié de plusieurs projets de développement rural. Un déplacement dans la wilaya de Médéa montre que s'il y a des problèmes dans les zones de montagnes, il ressort que la situation s'est beaucoup améliorée dans différents secteurs à l'instar des routes et de la construction qui contrastent avec ceux de la Mitidja. Une tournée dans les communes de Médéa, Berrouaghia, Tablat en rentrant par Larbaâ témoigne des changements significatifs opérés dans des zones à relief peu accidenté. L'exemple de la plaine de Béni Slimane donne une image de changement et de prospérité où d'innombrables forages ont été creusés, des vergers à perte de vue et des cultures motorisées.