Les constats de faillite du système éducatif, martelés à différentes occasions ont, par la force des échecs récurrents, fini par faire plier les pouvoirs publics à entreprendre la réforme tant souhaitée par la majorité des citoyens et décriée avant même la finalisation du rapport y afférent par les islamo-conservateurs. Les taux élevés d'échec dans les examens du bac et du BEF, enregistrés dans la wilaya de M'sila sur une période de 10 ans, qui ont tourné autour de 80%, s'expliquent selon une étude du Centre d'orientation scolaire et professionnelle (Cosp) datant de l'année 2001 et demeurant d'actualité, par la faillite de tout le processus d'éducation ayant prévalu jusqu'à aujourd'hui. Cette étude précise les causes de cette débâcle en mettant l'accent sur l'immense écart entre l'objectif du programme tracé et la capacité d'assimilation des élèves, d'où le taux élevé d'échec, lié notamment aux épreuves de langues étrangères, français et anglais, dont les moyennes au bac ont été respectivement de 4,26 et 5,66/20. Ces deux matières constituent à ce jour, aux yeux du responsable du Cosp, des handicaps majeurs non seulement pour l'accroissement du taux de réussite global au bac, mais également un frein à la prédisposition des élèves à suivre des études supérieures dans de meilleures conditions. Pour justifier cette thèse, le Cosp a procédé à une étude comparative des taux de réussite au bac de l'année 2000, avec l'hypothèse d'une note de 10/20 aux épreuves de français et d'anglais et les notes réelles dans ces épreuves. Il s'est avéré, après coup, que le taux de réussite au bac, qui était de 22,09%, a accru avec l'hypothèse (du 10/20) de 11,18% pour atteindre un taux de réussite de 33,27% Avant que les langues étrangères, notamment la langue française, ne fassent l'objet d'un regain d'intérêt dans la société locale à la faveur de la réforme du système éducatif qui s'enclenche, l'apprentissage de cette langue, au début des années 1980 à l'époque de l'arabisation tous azimuts, n'a pas été de tous repos, du moins dans la wilaya de M'sila. La période d'inquisition Les enseignants témoignant de cette époque d'inquisition. Accusé de promouvoir la langue du colonialisme, ils ont subi les pires moments de harcèlement moral. Le courant baâthiste, qui avait le vent en poupe à cette époque, nous dira un parent d'élève, ne ménageait aucun effort pour orchestrer une campagne haineuse contre l'apprentissage de cette langue en impliquant les élèves, lesquels, dira-t-il, en prenant à leur compte le leitmotiv usité par ce courant, « le français, c'est la langue du colonialisme », refusent de suivre ces cours de français et s'ils daignent y assister, précise-t-il, c'est pour faire du chahut et contrarier l'enseignant. Et ce, a-t-il soutenu, avec la bénédiction des chefs d'établissement, qui ont trouvé l'occasion pour en découdre avec cette langue dont ils ne connaissent, dans leur majorité, absolument rien. Vingt ans de régression C'est depuis cette date, la complaisance des structures de l'éducation aidant, que des insuffisances ont pris naissance et se sont accumulées au cours des vingt dernières années pour en devenir un gouffre difficile à combler. La direction de l'éducation a de tout temps expliqué la faiblesse des résultats enregistrés à la conjugaison des paramètres internes (volet pédagogique) qu'elle a tenté de corriger à travers des conférences d'évaluation des résultats qui n'ont contribué en fait à aucune régression des taux d'échec et les paramètres externes qui lui échappent totalement. Au lendemain des résultats du bac et du BEF de la session 2004 (El Watan du 8 août 2004), la direction de l'éducation, voulant à tout prix identifier l'origine de ces insuffisances, s'est attelée à analyser les paramètres externes. Une étude comparative a été faite entre un groupe de wilaya ayant des rendements élevés et un autre groupe dont le rendement est faible, parmi lequel se trouve la wilaya de M'sila. Il s'est avéré au terme de cette étude que les indicateurs pris en compte dans cette comparaison (taux d'encadrement en arabe et en français, taux global d'encadrement, capacité moyenne des classes...) sont en faveur du premier groupe de wilaya. Il ressort que le 2e groupe souffre d'un manque flagrant d'encadrement et de sureffectif. Cette étude a mis également en relief l'implication du ministère de l'Education dans le taux élevé d'échec qui frappe le 2e groupe de la wilaya en entier. Cette étude a également permis de mettre en relief l'implication du ministère de l'Education dans l'échec qui sévit dans la wilaya de M'sila, à travers une politique biaisée d'octroi de postes budgétaires. Pour corroborer cela, l'étude cite l'effectif du cycle moyen de la wilaya de M'sila, qui dépasse celui de la wilaya de Constantine de 802 élèves, mais dispose de 434 postes budgétaires de moins que la wilaya des Ponts suspendus.