Josian Aurokium est chef de projet au Commonwealth Business Council (CBC). Il explique la nouvelle démarche du Commonwealth par rapport à l'Algérie. Le Commonwealth envisage d'organiser à Londres un forum sur l'investissement en Algérie. Où en est le projet ? Ma visite en Algérie est liée à la préparation de Algeria Investment Forum 2006. Depuis plus d'un an, mon équipe et moi travaillons sur ce sommet qui doit se tenir à Londres. Sommet auquel sera invité le président Abdelaziz Bouteflika. Nous sommes à la phase de mise en programmation. Nous avons, et par le canal diplomatique, envoyé toutes les données relatives au préprogramme. On peut y apporter des modifications. Ce sommet sera le premier jamais organisé à Londres. Les thèmes qui seront abordés sont liés aux finances, au système bancaire, à l'infrastructure, au logement, à l'éducation, aux PME... S'ajoutent à cela les interventions des officiels algériens et des représentants des firmes étrangères. Les Algériens peuvent demander, par exemple, pourquoi des investisseurs, notamment britanniques, n'ont pas répondu aux appels d'offres. Les médias, comme le Times, la BBC, le Financial Times, Herald Tribune et CNBC, ont tous exprimé le vœu de couvrir l'événement. Le CBC a également sa chaîne de télévision qui sera mise à contribution. Autant que la télévision de l'indien Lakeshmi Mittal, patron de Mittal Steel. En décembre 2006, nous allons organiser un forum sur l'investissement au Maroc. Le programme est finalisé avec Rabat. L'Algérie a des occasions qu'elle peut saisir. C'est le moment. Car, après, il se pourrait qu'il y ait des changements stratégiques ou autres. Pourquoi le choix de Londres pour l'organisation du forum ? Londres est d'abord une place financière. Des capitaux arabes, chinois, indiens et est-européens y sont installés. L'Asie est impliquée à Londres. A partir de là, on s'est dit qu'il était approprié de redorer l'image de l'Algérie dans sa globalité. Qui va en bénéficier ? L'éducation, la femme, la technologie, l'infrastructure et le management skills qui prendra en charge les jeunes devant diriger les entreprises algérienne de demain. Il existe des institutions et des universités (qui peuvent proposer des MBA) qui nous demandent la date de la tenue de cet événement. Jacques Straw, ministre des Affaires étrangères britannique, a évoqué cette question lors de sa visite à Alger. J'ai rencontré l'ambassadeur d'Algérie à Londres, Son Excellence M. Dembri, et nous avons dialogué. Nous avons fait une proposition officielle de l'organisation de cet événement. Nous tenons à ce que le projet se tienne et nous y travaillons dur. Je ne cesse pas d'appeler les différents ministères... Je dérange le cabinet de M. Ouyahia. Je cherche à parler aux conseillers. Je rappelle autant de fois qu'il faut... Je me suis battu comme un Algérien qui se bat pour son pays... J'aurais voulu rencontrer M. Temmar directement. Quelle a été la réaction officielle en Algérie ? La réaction que j'ai eue de divers ministères est un intérêt réel pour le projet. Mais quand on passe à une phase supérieure, il est évident qu'il y a des directives à suivre de la part de ceux qui prennent les décisions dans le pays. Il fallait donc faire une concertation. J'ai fait une proposition pour faire un tour de table avec les différents directeurs de cabinet de ministère et les conseillers pour élaborer ensemble les projets et s'entendre sur ce qu'on appelle les sujets sensibles. Après, il y a eu l'hospitalisation du président Bouteflika. On nous a fait savoir qu'il fallait attendre. L'idée de proposer au président Bouteflika de procéder à l'ouverture de ce forum a été bien acceptée. Tous les secteurs concernés ont été sollicités : la promotion des investissements, l'éducation, les technologies de la communication, l'habitat, qui est un secteur sensible en Algérie, l'industrie... Il est proposé de bénéficier de cette expertise et d'utiliser le Commonwealth comme parapluie. Comme nous l'avons fait l'année passée pour le Maroc, j'ai proposé de publier, dans l'organe officiel du Commonwealth, un dossier dans lequel le renouveau de l'Algérie et sa stabilité sont expliqués. On peut faire dans la continuité une fois les projets lancés. Avez-vous le sentiment qu'il existe une résistance à ce projet ou qu'il est mal compris ? Il ne faut pas prendre ce forum pour un événement dans un événement, pour une simple conférence ou séminaire. J'essaye de faire l'association entre le Commonwealth et mon propre background de l'événementiel. Je viens du monde des grands concerts. Au départ, ce forum devait avoir lieu les 16 et 17 mai 2006. Il y a eu des modifications à cause de la non-préparation. On a déplacé la date pour les 30 et 31 mai. Nous sommes arrivés à un stade pour décider de la date définitive. De retour à Londres, j'attends le courrier ou le fax officiel m'annonçant la confirmation d'une date. C'est tout ce dont nous avons besoin. Si je n'ai pas de date, je dois m'expliquer avec le board du CBC. Sinon, les responsables vont me demander de me concentrer sur la Syrie ou le Maroc. A ce moment-là, je ne pourrai rien faire. On a fait tout ce qu'il fallait. Il faut comprendre l'intérêt et l'importance que ce projet représente. Avant ma venue en Algérie, j'ai eu une séance de travail avec des partenaires privés. Tout le monde, sans exception, est d'accord pour assister à ce forum et à apporter sa contribution. Des entreprises de différents secteurs nous ont demandé de leur montrer la voie et d'organiser la conférence... On s'est porté garant, quelque part. C'est ce que nous faisons dans d'autres pays. Nous travaillons avec la Syrie pour mettre en avant les attributs touristiques de ce pays. Ce pays a compris l'intérêt de se servir du CBC et de l'opportunité offerte. Si la conférence de Londres se tient, elle sera suivie par d'autres actions. J'ai rencontré des organisateurs algériens d'événement, crédibles, pour qu'ils soient des partenaires locaux. Comment expliquez-vous cet intérêt grandissant pour l'Algérie ? Le monde est un village. Chacun a besoin de l'autre. Le Pakistan sera de plus en plus avec l'Inde. De la même manière que la Chine. La Chine est déjà en Afrique... L'Algérie est le deuxième plus important pays en Afrique. En dehors des ressources, le pays a une histoire qui lui permet d'avoir de l'influence par rapport à une grande stabilité dans la région. Elle pourrait être en complémentarité avec le Maroc. L'Algérie pourrait être leader dans beaucoup de secteurs. Elle le sera certainement dans les années avenir dès lors qu'il ait un management sérieux et une maturité des politiques, des institutions et des intervenants privés (...). Notre stratégie va se prolonger pour atteindre le Madagascar, la Tanzanie... Ne soyez pas surpris si vous voyez avec nous le Soudan, la Mauritanie ou le Sénégal. Il y a un programme avec le Cameroun. Il existe différentes formes de partenariat. Nos aspirons à faire élire la femme entrepreneur en Algérie. Les banques arabes, informées de la possibilité d'organiser un forum sur l'Algérie, se sont rapprochées de nous et proposent du partenariat (...). La population algérienne est jeune. Il faut ouvrir les portes sur l'anglophonie. C'est toute cette partie de l'Asie avec l'Inde, la Malaisie, Singapour... dont il faut utiliser l'expertise. On parle du domaine de l'entreprenariat et de l'investissement, mais il y a également les consommateurs auxquels il faut donner plus de choix. Les experts sont d'accord sur une chose : lorsqu'il s'agit de développement et d'avancer dans une société, il est impératif de dissocier ces histoires de drapeaux.