Les pouvoirs publics ont décidé d'entamer à partir de cette rentrée scolaire l'enseignement du français dès la 2e année de l'enseignement primaire. L'anglais, deuxième langue étrangère, sera enseigné, quant à lui, en 1re année moyenne. Cette volonté de « s'ouvrir sur le monde extérieur dès le premier âge est indispensable pour être en mesure d'affronter le nouvel ordre mondial », selon une déclaration récente de Boubekeur Benbouzid, ministre de l'Education nationale. Une déclaration qui rejoint celle faite par le président de la République dans l'une de ses interventions publiques : « Nous devons mettre toutes les chances de réussite du côté de nos enfants. Les langues vivantes étrangères restent d'une impérieuse nécessité pour qui veut comprendre les rouages de ce monde en perpétuelle mutation. » Il faut savoir que dans certains pays industrialisés d'Europe du Nord, tels ceux de la Scandinavie par exemple, l'on procure aux élèves du cycle primaire (dont le cursus s'étale, comme chez nous, sur six années) l'opportunité et la pertinence de s'initier à pas moins de 10 langues vivantes étrangères : anglais, français, allemand, russe, espagnol, italien, chinois, portugais, japonais et même l'arabe. Des aptitudes à l'oral et à l'écrit Le français, en 2e année du cycle primaire, sera donc enseigné comme une impulsion vers une incontestable découverte de la langue de Molière. Les règles de l'apprentissage, telles qu'elles sont établies par le staff des pédagogues du MEN, une pratique hautement captivante. Le programme de première année de langue française a pour cible l'amplification chez l'élève de 7-8 ans des aptitudes liées à l'oral et à l'écrit dans le cadre d'une quantité limitée de situations de communication et de schémas actanciels. Des situations et des schémas qui sont établis dans une trame qui puise sa substance même dans l'initiation par le biais des « intentions pédagogiques », ensemble de projets liés de manière intrinsèque aux activités d'éveil et de l'intéressement par le bas. Nos instituteurs et institutrices auront donc la lourde tâche d'initier nos enfants à ces bonus que constituent la lecture et l'écriture en caractères latins, tout en étayant leur bréviaire sur la construction de la langue et de ses aspects disparates L'approche par « la découverte » A cette ramification exclusivement linguistique vient se greffer une portée plus ludique qui sera « à même d'accroître chez les très jeunes apprenants la motivation à s'instruire et à accomplir les objectifs qui leur sont assignés par des intentions didactiques et des projets éducatifs qui sont dispensés sous la forme de leitmotivs communicationnels », selon les propos du professeur J. Rogues, maître de conférence à la Sorbonne (Paris), éminent spécialiste dans le domaine du « français, langue étrangère véhiculaire ». Ainsi, les arrimages formateurs retenus par nos pédagogues et didacticiens du langage privilégient à grande échelle l'« approche par la découverte ». L'élève devra, dorénavant, s'impliquer seul et à fond dans ce que les initiés appellent « L'investigation responsable ». Tout en s'arc-boutant sur des cariatides oraux et écrits qui sont, par ailleurs, finalisés et prêts à l'emploi sur le site de la pratique. A titre d'apport initial et de contextualisation des notions à assimiler, une vaste variété d'outils didacticiels sera, normalement, largement exploitée, et s'étale de la chaîne des phoniatres jusqu'aux illustrés de comptines, en passant par les cassettes audiovisuelles narrant des contes et de courts récits animés. En principe, l'informatisation sera, elle aussi, de la partie, notamment par la vulgarisation de l'outil informatique (micro-ordinateur et logiciel de base) qui sera ainsi appelé à la rescousse. Toute la question, capitale en la circonstance, sera de savoir si le MEN dispose de moyens pour l'application d'une politique que d'aucuns qualifient déjà d' « ambitieuse ». Car le concept immanent de l'« interactivité constructive » exige la disponibilité, à outrance, de ces combinaisons. Quoi qu'il en soit, le partenariat incontournable « maître-élève » sera opéré à parts égales. Il sera, de bout en bout, empreint d'une négociation dans les règles (continuellement soumise à renouvellement) entre les deux parties prenantes. C'est le prix à payer pour préparer notre jeune public d'apprenants à assumer pleinement leur future citoyenneté. Quant à la pluridisciplinarité, cette dernière devrait constituer, le deuxième critère immanent pour une activité qui se veut d'ores et déjà psychopédagogique à souhait. Dans l'attente des résultats qui seront relevés sur le terrain de la formation, il est à noter que les compétences retenues dans le cadre de ce programme couvriront quatre domaines référentiels transcrits par le biais du binôme référentiel « oral-écrit » associés à leurs deux corollaires naturels : la réception et la production des bases de données de l'apprentissage. Reste maintenant la gestion du volume horaire qui sera alloué à cet apprentissage linguistique. Suffira-t-il tel qu'il a été conçu par le service de la programmation et du planning hebdomadaire ? Devra-t-il être sujet à renforcement par l'addition de séances de soutien scolaire notamment ? Subira-t-il l'application circonstanciée, selon des tranches horaires bien spécifiques, à un jeune public dépourvu de bain linguistique ?Seuls le capital expérience qui sera amassé sur le terrain et le temps qui lui est imparti pourront répondre sereinement à autant de questions primordiales.