Le mauvais choix des terrains et l'absence de viabilisation ont compromis le programme destiné aux jeunes chômeurs. Le programme portant réalisation de 100 locaux par commune s'est avéré être un véritable fiasco dans la wilaya de Boumerdès. Tout le monde l'aura constaté ; les locaux construits à travers les localités de la région ne suscitent aucun engouement parmi les jeunes bénéficiaires des dispositifs de micro-crédit. L'échec est cuisant. Les concepteurs de ce programme et les services chargés de sa réalisation ont failli sur toute la ligne. La wilaya a bénéficié d'un quota de 32 000 locaux dont 2770 ont été achevés et 430 bloqués. Mais la quasi-totalité des locaux réalisés ne sont pas exploités. Certains sont totalement abandonnés, d'autres ont été saccagés après avoir été transformés en lieux de débauche, comme c'est le cas dans les communes de Ammal, Issers, Hammadi, Zemmouri…etc. Pourtant, les statistiques en notre possession font état de 2361 locaux attribués, dont 886 pour les porteurs de projets Ansej, 1129 Angem, 123 Cnac et 160 pour d'autres activités. La première chose qui dissuade ces jeunes promoteurs à y investir réside dans le fait que ces commerces sont implantés en dehors des périmètres urbains. «C'est de l'argent jeté par les fenêtres. Moi je n'ai aucune chance d'y développer mon activité. Le local est isolé, très exigu et mal conçu», déplore un jeune soudeur de Thénia. Les 90 locaux affectés au profit de cette localité ont tous été attribués, mais 80% d'entre eux sont toujours fermés. Aujourd'hui, partout où l'on se déplace, le constat est toujours le même; les locaux sont implantés sur des sites inadéquats et peu fréquentés par la population. Les jeunes ayant bénéficié de crédits bancaires pour la création de petites entreprises sont désappointés. Ils se voient contraints d'aller ailleurs et de louer à des prix exorbitants car ce programme, disent-ils, ne répond nullement à leurs aspirations. Ce qui traduit le manque de vision des autorités quant aux politiques à mettre en place pour absorber le chômage qui lamine cette frange de la société. À Issers, une partie du programme est érigée au bord de Oued Djemaâ, loin des zones d'habitations. À Afir, 40 locaux ont été implantés à Boumati, un petit village isolé et 40 autres au chef-lieu communal. La commission en a attribué 48, mais 90 % sont inexploités. Idem à Ammal, Sidi Daoud, Ouled Aissa…etc où l'on peine à trouver preneurs pour les locaux réalisés. «Pour le moment, on a enregistré 41 demandes. 33 ont été validées, mais il n'a y que cinq postulants qui ont entamé l'activité», dira un élu. Certains justifient les retards enregistrés pour l'ouverture de leur nouveau local par l'absence de courant électrique, du réseau d'assainissement et d'eau potable. Un problème qui se pose avec acuité au niveau de toutes les communes de la région. «Cela fait plus d'un mois que nous nous sommes acquittés de la somme établie par Sonelgaz pour le raccordement des 10 locaux à la sortie Est de la ville au réseau électrique. En vain», regrette le P/APC de Zemmouri. Là aussi, on a livré 75 locaux sur les 100 qui ont y été construits, mais rares sont les bénéficiaires qui se sont mis au travail. «Ils sont mal finis ; ils n'ont ni faïence ni carrelage. Moi j'ai déboursé plus de 8 millions avant d'ouvrir et j'ai été même obligé d'installer des vitrines et une nouveau rideau pour plus de sécurité», tempête un jeune qui tient un fast-food au chef-lieu. La non-exploitation des locaux réceptionnés n'est que le résultat de la mauvaise répartition du programme à travers les localités de la région. La répartition semble avoir été faite de manière anarchique. Les services concernés n'ont pas tenu compte du nombre d'habitants de chaque commune. Sinon comment peut-on expliquer le fait de mettre des communes surpeuplées telles que Bordj-Menaiel, sur un pied d'égalité avec des localités de moins de 14 000 habitants comme Boudouaou-El-Bahri et Keddara qui ont eu droit à 80 locaux chacune ? Plus grave encore, sur les 190 locaux affectés au profit de la commune du chef-lieu de wilaya, seuls 50 sont achevés. 26 sont attribués mais aucun n'est ouvert en raison, semble-t-il, de leur isolement. À Boudouaou, l'on a encore réalisé une soixantaine de commerces sur les 210 prévus. Là, la commission d'attribution en a déjà reçu 131 dossiers, dont 91 ont déjà été validés. Aujourd'hui, d'aucuns s'accordent à dire que ce programme a été un vrai ratage qui a désillusionné des centaines de jeunes chômeurs de la région.