Dans les territoires occupés palestiniens, la colère gronde, ou plutôt s'accentue, faisant craindre le désespoir au sein de la population palestinienne qui a assisté - et le monde avec elle - à l'enlèvement par l'armée israélienne dans la prison de Ariha en Cisjordanie, d'un de ses dirigeants qui se trouvait pourtant sous la protection de gardiens britanniques et américains. L'une des formes d'expression de cette colère était hier la grève générale massive qui a paralysé leurs territoires. Le mot d'ordre a été lancé par l'ensemble des mouvements palestiniens lors d'une réunion d'urgence mardi soir à Ghaza pour protester contre le kidnapping de Ahmad Saâdat, le secrétaire général du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), mouvement fondé par le défunt George Habbache et une des trois principales composantes de l'Organisation de libération de la Palestine. De son côté, le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas est arrivé hier dans les territoires palestiniens, après avoir abrégé une visite en Europe. Le président de l'Autorité palestinienne a quitté Strasbourg mardi soir pour regagner les territoires palestiniens, à la suite de l'attaque israélienne immédiatement suivie d'une vague de violences et de protestations. « J'ai interrompu ma visite pour retourner dans mon pays », a déclaré Mahmoud Abbas alors qu'il devait s'adresser hier au Parlement européen avant de se rendre à Bruxelles pour rencontrer le chef de la politique extérieure européenne Javier Solana. Il devait se rendre à Paris et retourner dans les territoires palestiniens à la fin de la semaine. Mais là où il est passé, il a dû mesurer le silence pesant de capitales européennes face à cette agression. Dans ce qui ressemble à un complot, les forces de sécurité américaines et britanniques, chargées de la garde de Ahmad Saâdat et quatre autres membres du même mouvement, ont quitté la prison de Ariha, quelques minutes avant que ne débute une opération israélienne sanglante, visant à mettre la main sur les militants palestiniens, détenus dans cette prison depuis l'an 2002, pour avoir éliminé, en 2001, le ministre israélien du Tourisme, Rehavam Zeevi, partisan de la déportation massive du peuple palestinien en dehors de la palestine. Fouad Choubaki du Fatah, incarcéré dans la même prison, dans le cadre d'une affaire de trafic d'armes qui, selon Israël, étaient destinées à l'autorité palestinienne est l'autre cible des agresseurs. Durant cette opération, l'armée israélienne a déployé une véritable armada, à savoir des hélicoptères de type apache, des chars de type Merkava, des blindées et des bulldozers. Deux policiers palestiniens ainsi qu'un détenu ont été tués au cours de la journée, plus de 50 autres ont été blessés. Des dizaines de policiers palestiniens ont été arrêtés après avoir été déshabillés ne gardant que leurs sous-vêtements dans une situation humiliante pour ces hommes qui ne disposent pas de moyens pour pouvoir faire face à une telle agression. L'issue de l'agression israélienne a été la démolition totale de la prison de la ville de Ariha et l'arrestation peu après la tombée de la nuit de Ahmad Saâdat et de tous les autres militants. Cette agression israélienne, qui survient quelques jours avant les élections israéliennes, fait partie de la campagne électorale d'Ehud Olmert, chef par intérim du parti Kadima et Premier ministre également par intérim, qui a personnellement donné l'ordre à son armée d'investir la prison de Ariha. Tout cela, relève-t-on avec beaucoup d'amertume, s'est déroulé en présence des caméras de télévision du monde entier. Quoi qu'il fasse, Israël ne soulève pas de protestations au niveau international.