Le seul recours des Palestiniens après l'attaque israélienne contre une prison de la ville de Ariha en Cisjordanie, suivie de l'enlèvement de chefs palestiniens qui y étaient détenus, était l'ONU. Bien entendu, ils ne se faisaient pas d'illusion, sur la réaction de l'instance s'agissant de dénoncer au moins la politique israélienne.Et cela s'est confirmé. La confirmation est en fait venue dès mardi, avec un texte dont le Conseil aurait du faire l'économie afin de ne pas se décrédibiliser. Appeler au calme dans les territoires palestiniens, théâtre quelques heures auparavant d'un acte de terrorisme d'Etat qui plus était retransmis en direct sur toutes les chaînes de télévision. Qu'à cela ne tienne, ont dû se dire les Palestiniens, décidés à secouer cette vieille institution qui n'est pas à blâmer puisqu'elle n'est que l'exact reflet du rapport de force en son sein, ou encore de la volonté de ses membres, les plus influents bien entendu. En ce sens, le représentant palestinien à l'Onu a accusé jeudi les Etats-Unis et la Grande Bretagne d'empêcher l'adoption d'une déclaration du Conseil concernant l'attaque israélienne. Riyad Mansour s'est emporté, à la sortie d'une réunion des 15 membres du Conseil de sécurité, en affirmant que Washington et Londres, en particulier, avaient bloqué l'adoption d'« un texte très conciliant », qui aurait exigé « la libération immédiate des prisonniers palestiniens enlevés de la prison de Ariha par les forces d'occupations israéliennes ». M. Mansour a estimé que sa délégation avait montré beaucoup de souplesse dans les négociations sur ce texte mais avait insisté pour y insérer une référence aux six militants palestiniens enlevés lors du raid. Le délégué palestinien a estimé que l'attitude de Londres et de Washington « augmentait les suspicions de nombre d'entre nous que (ces deux pays) ont collaboré à cet exercice ». « Ils avaient une occasion en or de prendre leurs distances vis-à-vis de ces accusations en appuyant des pressions contre Israël pour libérer les prisonniers palestiniens enlevés de Ariha », a-t-il ajouté. « Le gouvernement britannique rejette catégoriquement l'affirmation selon laquelle il y aurait eu une collaboration entre le Royaume-Uni et Israël » concernant l'attaque israélienne, a déclaré de son côté un délégué britannique à l'OnU, Adam Thomson. Le projet de déclaration du Conseil de sécurité « déplore les violences au cours desquelles plusieurs personnes, y compris des responsables palestiniens, avaient été tuées et de nombreux personnels internationaux enlevés », a-t-il rapporté. Selon lui, le texte appelle les deux parties « à un maximum de retenue et (...) Israël à retirer toutes ses forces de Jéricho et à revenir à la situation antérieure au 14 mars ». Il a cependant précisé qu'il n'avait pas été « possible de tomber d'accord sur le texte, car le Qatar, à la demande des Palestiniens, a introduit un amendement de dernière minute insistant sur l'insertion (dans le texte) d'une référence aux ‘‘prisonniers palestiniens'' et à la ‘‘prison de Jéricho'' ». M. Thomson a ajouté que le sort de la déclaration du Conseil de sécurité, qui requiert l'unanimité, était à présent incertain. C'est une tradition qui se confirme, puisque les Palestiniens se rendent compte à quel point le barrage auquel ils se heurtent, s'avère infranchissable, mais il leur reste la possibilité d'aller encore plus loin, c'est à dire provoquer un vote négatif d'au moins un des deux pays, ce qui, dans le langage de l'ONU s'appelle veto. Il vaut mieux cela qu'un compromis qui ne rapporte absolument rien à la cause palestinienne.