Les citoyens, qui se trouvaient, la nuit de samedi à dimanche, sur le cours de la Révolution, en plein centre-ville de Annaba, ont vécu un véritable cauchemar. En effet, vers minuit, des familles qui étaient attablées à la terrasse d'un café en train de prendre des glaces ont été surprises par des dizaines d'individus munis d'armes blanches – sabres, couteaux, gourdins et bombes lacrymogènes – qui se sont mis à agresser tout le monde. Même les quelques dizaines de véhicules stationnés aux abords ont été saccagés. Un déchaînement de violence digne d'un film d'horreur. On déplore plusieurs citoyens blessés, des enfants traumatisés et d'importants dégâts matériels. Ce gang de plusieurs dizaines de délinquants a pris pour cibles de paisibles citoyens habitant le quartier, la place d'Armes (vieille ville), selon de nombreux témoignages. C'est suite à l'arrestation d'un voyou notoire répondant au nom de «Allaoua» par les éléments de la sûreté de wilaya de Annaba que ses acolytes ont tenté de le libérer de force. Pour ce faire, ils se sont dirigés vers le siège de la 2e sûreté urbaine où des affrontements avec les services de sécurité ont éclaté. Mais c'était sans compter sur la fermeté de ces derniers même si les délinquants ont fait usage de leurs armes blanches. «J'étais attablé avec ma petite fille et des amis en train de déguster des glaces, lorsque nous avons été attaqués par des délinquants. Effrayés, nous avons pris la fuite laissant derrière nous tous nos objets personnels. Nous avons trouvé refuge dans un cybercafé qui a baissé rideau aussitôt», témoigne Klaïa Noureddine, délégué de la jeunesse dans la wilaya de Annaba. «Quelque temps après, nous avons constaté les dégâts dont mon véhicule personnel complètement saccagé à l'instar des autres. Ma petite fille a subi un important choc. Paradoxalement, nous discutions sur le tourisme dans notre wilaya et les conditions de son développement», poursuit-il. En réaction à ces agressions, les services de sûreté de wilaya ont organisé, hier, une descente dans ce quartier chaud au terme de laquelle plusieurs délinquants ont été arrêtés. La vieille ville est devenue carrément une cité interdite où arpenter ses ruelles, que ce soit de jour ou de nuit, relève du suicide. Même des agents de police, en uniforme, ont été agressés en plein jour par des délinquants qui défient toutes les lois de la République. Des délinquants qui s'adonnent à tous les trafics, du kif traité à la cocaïne, en passant par les psychotropes et la prostitution. La violence se banalise A Annaba, la violence urbaine prend des proportions alarmantes et se banalise au fil des jours. Elle est principalement l'œuvre de voyous qui ne reculent devant rien, surtout lorsqu'ils agissent sous l'effet de psychotropes dont le commerce est devenu florissant à l'ex-Bône. Une situation que confirment les statistiques établies par les services des hôpitaux et les centres de soins établis dans le périmètre de la wilaya, dont le personnel est souvent victime de violence. Les citoyens ont de plus en plus peur dans la wilaya de Annaba, particulièrement les habitants du chef-lieu de wilaya, d'El Bouni, d'El Hadjar et de Sidi Amar. Face à cette situation, ils interpellent le président de la République qui en a gracié plusieurs condamnés en juillet dernier. C'est dire que ces derniers mois, Annaba est devenue la capitale de la délinquance, du banditisme, de la drogue et de la contrefaçon par excellence. Les vols de voitures, les cambriolages et la prostitution se sont transformés en actes banals. Aussitôt arrêtés, ces malfrats sont souvent libérés après leur procès. Dans cette wilaya, il est interdit de sortir accompagné de sa fiancée ou de son épouse, de parler au téléphone, de porter un sac, un bijou, ou de faire du lèche-vitrine pour d'éventuels achats de l'Aïd ou autres et, surtout, de se rendre à la poste ou dans une banque pour un dépôt ou un retrait d'argent. Les malfrats sont toujours aux aguets et n'hésitent pas à attaquer à l'aide de couteaux et bombes lacrymogènes.