Le sable rouge de la plage Ras El Afia, plus connue par le Grand-phare, à l'ouest de la ville de Jijel, a repris rendez-vous avec l'effervescence d'avant le Ramadhan. Loin d'égaler en nombre les milliers de vacanciers affluant par cohortes, les baigneurs ont repris le chemin de cette plage, la plus prisée à Jijel. Lieu de baignade mythique des Jijelis, le Grand-phare a été pris d'assaut aussitôt la parenthèse du mois du jeûne fermée. L'aura de cette petite bande côtière, au sable fin et rougeâtre, a suffi pour ressusciter une ambiance qui lui a tant fait défaut durant tout un mois. Plus qu'une plage, l'endroit est un site historique qui suscite la curiosité des visiteurs. Certains pensent que c'est un prestige de plus pour la corniche, avec ses sites naturels qui font sa notoriété. Sur la route d'El Aouana et un peu plus loin de la localité de Ouled Bounnar, l'imposant phare, érigé sur un sommet rocheux, attire par sa splendeur. On ne reste pas insensibles à la vue de la bâtisse blanchâtre sur laquelle il est disposé. La tentation d'aller voir de près vous prend très vite, même si la bêtise humaine a rendu les lieux mois salubres, souvent pollués par les ordures, surtout les canettes de bière. Le Grand-phare a été construit à l'époque coloniale, plus précisément en 1867. Il guide les navires pour leur éviter les zones rocheuses. Les pêcheurs y trouvent leur repos et, pourquoi pas, un lieu de méditations légendaires que génèrent les moments d'intimité avec la mer, dont ils ont seuls le secret. Le site est un atout touristique indéniable, pour peu qu'on lui prête toute l'importance qu'il mérite. Sa réputation a dépassé le cadre restreint d'une côte admirée par l'ambiance qu'elle draine. Aux sites naturels dont elle dispose, à l'image des fameuses grottes et de la diversité des espèces animales et végétales de son parc de Taza, la corniche s'enorgueillit de renfermer un magnifique patrimoine. Si la nature n'a rien laissé au hasard pour donner un tel prestige à cette corniche, demeurée vierge, l'homme, pour sa part, a tout fait pour qu'il en soit autrement. Les promesses d'investissement n'ont rien changé à la réalité d'un tourisme local en bute à un déficit en infrastructures d'accueil. Telle la plus belle femme du monde qui ne peut offrir que ce qu'elle a, le Grand-phare ne peut faire qu'autant pour le littoral jijelien. En attendant une prise de conscience pour faire sortir le tourisme de masse des méandres des promesses, la plage de Ras El Afia et d'autres sont sous l'emprise des hordes de jeunes sans foi ni loi, qui les gèrent à leur guise. Face au mépris de l'homme, l'imposant Grand-phare résiste, il nargue cette négligence et continue, contre vents et marées, à rayonner sur la corniche.