Moudhafer Ennouab n'écrit que sous le coup d'une inspiration profonde, brûlante. Chacun de ses poèmes bénéficie d'une finition exceptionnelle, fruit d'un labeur patient et prolongé. La rigueur avec laquelle le poète choisit chacun de ses mots a conduit à une concision remarquable. Chez Moudhafer Ennouab, on ne trouve pas d'œuvres de longue haleine, comme la ballade ou le grand poème. Il lui suffit parfois de deux vers pour évoquer une image complète. Selon Saâdi Youcef, l'autre grand poète irakien à l'exil éternel, «Moudhafer Ennouab est certes un poète d'inspiration, mais il prend beaucoup de temps dans la finition de son poème. Il travaille à la façon de l'architecte.» Comme tous les grands hommes, c'est avec une netteté particulière que se détachent les traits distinctifs de Moudhafer Ennouab, tels que sa fermeté de principes, sa largeur de vue, son humanisme, son sincère esprit démocratique, son patriotisme et son profond respect de l'autre. Tout ceci jaillit du fond de son cœur. Tout ceci est pérennisé par ses poèmes. Ce n'est pas par hasard que Moudhafer Ennouab évoque les «révolutions arabes» non pas dans des moments de victoire, mais dans des moments de défaite. En effet, les «révolutionnaires» ont toujours rencontré dans leur lutte des difficultés énormes : masses ignorantes, traîtres à la solde des dictateurs et autres sbires obscurs. Cependant, la vision du poète reste optimiste. La lutte des peuples opprimés pour une société nouvelle passe par des crises, elle comporte des difficultés immenses et des sacrifices douloureux, mais cependant elle doit être poursuivie. Pour Moudhafer Ennouab, la cause de la révolution est immortelle et invincible. Cette foi lumineuse du grand poète dans la victoire des peuples, qui luttent, dans la marche sûre vers l'avenir, qui passe par des chemins escarpés, est un élément fondamental dans tous ses poèmes. L'idée d'unir tous les hommes épris de liberté traverse comme un fil rouge son œuvre intégrale. «Faite alliance contre l'incendie contre la peste contre la sangsue qui suce le sang de toute liberté.» Les poèmes de Moudhafer Ennouab ont un sens historique profond. Sa lutte intransigeante contre les «dictatures mafieuses» du monde arabe l'ont rendu insupportable dans son propre pays : Saddam Hussein voulait le tuer, les gouvernants de l'Irak actuel ne veulent pas de lui. En fait, aucun pays arabe ne veut de lui. Depuis presque cinquante ans, il a erré un peu partout. Très malade, presque cinquante ans, il a erré un peu partout. Il a été récupéré par son frère à Damas à condition de… ne pas écrire de poésie ! Que peut faire le poète dans ce Damas en décomposition ? L'ex-Enal lui a publié en 1984 deux recueils de poèmes. Ils sont disponibles à la BN du Hamma, Alger