A l'origine des mouvements «islamistes», c'était Al Qaîda, soutenue et assistée essentiellement par les USA à travers leur service de renseignements, la CIA, et l'Arabie Saoudite, dans son soutien armé des moudjahidine afghans contre le régime communiste protégé par l'ex-URSS (27 décembre 1979-15 février 1989). Son leader Oussama Ben Laden, représentant du prince Turki Al Fayçal, alors chef des services de renseignements saoudiens, avait pour mission de ventiler les sommes allouées à la résistance afghane. Un de ses lieutenants, un certain Abdullah Azzam, ancien professeur à l'université de Djeddah, en Arabie Saoudite, s'installa à Peshawar en 1984, près de la frontière afghane, pour fonder «Maktab Al Khadamat» qui fait fonction de bureau de recrutement, chargé de recevoir et d'organiser le flux des volontaires arabes voulant participer à la guerre contre le régime communiste. Dans son livre Défendre la terre des musulmans est le plus important devoir de chacun, Abdullah Azzam écrivait que l'Afghanistan n'était qu'un début : «Ce devoir ne prendra pas fin avec la victoire en Afghanistan ; le jihad restera une obligation individuelle jusqu'à ce que toutes les autres terres, jadis musulmanes, nous reviennent afin que l'islam règne de nouveau. Nous attendent, ainsi, la Palestine, Boukhara, le Liban, le Tchad, l'Erythrée, la Somalie, les Philippines, la Birmanie, le Sud-Yémen, Tachkent et l'Andalousie. Cette guerre afghane avait fait des émules en Algérie, telles que le MIA, le GIA et le GSPC… et Al Qaîda des petits : Al Qaîda au Yémen, Al Qaîda au Maghreb… Certains observateurs des événements arabes, au vu des agitations dans l'espace sahélien, prédisaient l'apparition d'Al Qaîda du Sahel ou de l'Afrique subsaharienne. On a eu un mystérieux Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao). D'aucuns ont remarqué que les opérations terroristes menées par ce sinistre groupe ne ciblaient que l'Algérie : attaques contre des unités de la Gendarmerie nationale à Tamanrasset et à Ouargla, enlèvement d'étrangers à Tindouf, attaque et enlèvement des diplomates algériens à Gao (Mali), exigeant des rançons pour leur libération, et la toute dernière menace dont, curieusement, la presse marocaine a fait état : l'enlèvement planifié de l'héritière de la dynastie des Kennedy, Kerry, au moment de sa visite dans les camps de réfugiés sahraouis. En l'absence d'une fetwa justifiant la mise à prix d'innocents pour leur libération par des organisations qui se prévalent de l'islam et de leur assassinat, il est légitime de s'interroger sur l'impact recherché ou le but non déclaré de tels agissements méprisables. A qui profite le crime ou le discrédit éventuel de l'Algérie ? Donnerait-il argument à une intervention étrangère ? Qui a intérêt à s'attaquer aux camps de réfugiés sahraouis à Tindouf ? Qui a intérêt à semer la peur et le doute au sein des ONG occidentales, donnant ainsi raison à l'abandon de leurs missions humanitaires et à leurs soutiens à la cause sahraouie à travers leurs témoignages ? N'est-ce pas le Premier ministre marocain qui a déclaré formelle la réunion des ministres maghrébins des Affaires étrangères tenue à Alger pour traiter des questions de sécurité, tant que les frontières entre l'Algérie et son pays restent fermées ? La sécurité à nos frontières ouest serait-elle tributaire du trafic de carburant et du vol de cheptel avec la complicité des services marocains ? Durant les années 1990, le groupe terroriste qui sévissait à Béchar trouvait refuge au Maroc. Sollicité pour interdire l'utilisation de son territoire par les GIA, le roi Hassen II, protégé par cette éternelle Minurso, répondit : «A chacun son Polisario.» Réponse qui a au moins le mérite de la clarté. Ces attentats cités plus haut ne seraient-ils pas la continuation de cette guerre sournoise par Mujao interposé ? Invité à identifier le Mujao, le professeur à l'Ecole de maintien de la paix de Bamako, Modibo Goïta, répond sur les colonnes d'El Watan : «Le Mujao a émergé comme groupe terroriste, en 2012, par sa prise d'otages dans le Sahara (...) Il opère à travers un vaste réseau ayant des ramifications et des connexions avec le milieu du trafic de drogue, d'armes et des kidnappings et disposerait de solides complicités dans les milieux politique et militaire de certains Etats de la région…» En tout état de cause, AQMI, le Mujao et les trafiquants s'inscrivent dans le terrorisme international ou dans le crime transfrontalier. Seule la lutte concertée entre les pays du champ et la Cédéao pour ce qu'elle peut apporter en matière opérationnelle serait à même de nettoyer les espaces frontaliers, d'autant plus que les différends sur le plan de la stratégie globale semblent s'aplanir.