Un hommage a été rendu, hier, au siège de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH) à Ali Lemrabet, ancien président de l'association Soumoud, décédé le 20 août dernier. Le frère du défunt, Karim, affirme que «Ali avait sacrifié sa vie pour la cause des disparus et toujours réclamé la vérité, malgré la souffrance qu'il subissait». Ali Lemrabet avait fondé, en 1997, l'association Soumoud. Il a été parmi les premiers à parler des cas d'enlèvement. Deux de ses frères ont été kidnappés en 1995. Né en 1964 à Naciria (wilaya de Boumerdès), Ali Lemrabet décroche son baccalauréat en 1982 et rejoint les bancs de l'université de Bab Ezzouar. Après obtention de son diplôme, il devient conseiller sportif au ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS), ceci après avoir passé son service militaire. Il en ressort avec le grade de sous-lieutenant. Bouchaïb Adlène, avocat et compagnon de Ali Lemrabet, indique ne pas réaliser à ce jour la disparition de son ami. «Quand j'ai rencontré Ali en 1997, c'était une thérapie, moi qui venait de perdre mon père, enlevé par un groupe terroriste», relate l'avocat. «Il s'est battu pour ses principes», le décrit-il. Me Bouchaïb rappelle que «Ali savait où étaient enterrés ses deux frères, puisque c'est un repenti qui appartenait à un groupe armé auteur de l'enlèvement qui lui a montré l'endroit. Mais l'Etat a refusé que les corps soient déterrés.» Nacéra Dutour, présidente de SOS Disparus, tient à souligner que «la responsabilité des disparitions doit être reconnue». «Que les auteurs des kidnappings soient des services de sécurité ou des groupes terroristes, un travail de vérité et de justice doit avoir lieu pour connaître les coupables», souhaite l'intervenante. Elle est revenue sur le parcours de Ali Lemrabet : «Nous avons signé un pacte en 2005 pour nous opposer au projet d'amnésie proposé dans le cadre de la charte pour la réconciliation nationale dictée par Bouteflika.» Elle ajoute : «La Coalition des familles de disparus en Algérie (CFDA) est née dans cet objectif pour contrer le projet de l'oubli voulu par les terroristes intégristes et les terroristes d'Etat.» De son côté, Leïla Ighil, de l'Association nationale des familles de disparus (ANFD), rappelle que «jusqu'à présent, les autorités refusent d'ouvrir les charniers». Chérifa Kheddar, de l'association Djazaïrouna, indique, quant à elle, qu'«il est important aujourd'hui de décortiquer les chiffres relatifs au nombre de disparus annoncés par les officiels».