Il existe 214 millions de personnes dans le monde vivant en dehors de leurs pays de naissance dont 10 à 15% de migrants clandestins, a indiqué Miriam Boudraâ, représentante du Centre international de formation, dont le siège est basé à Turin, en Italie. Sénégal. De notre envoyé spécial Mais au-delà de ces chiffres qui pourraient ne rimer à rien, si ce n'est d'avoir une signification arithmétique fade de l'histoire, le migrant sans papiers «achalandant» les berges de rivières et les lisières de forêts dans des pays du Maghreb (Maghnia en Algérie et Oujda au Maroc…) ceux qui sont parqués aux portes de l'Espagne, à Bni N'sar (Nador) ou ceux qui embarquent à partir du port sénégalais de Saint Louis à destination des îles Canaries, malgré tous les programmes pour leur aide, leur insertion ou leur intégration (qu'importe le lexique) dans leurs pays respectifs, les clandestins demeurent sans voix, n'entendent aucune voix, rejettent toute issue qui pourrait leur être salvatrice. Leur unique programme à eux, c'est partir. Toujours partir, même si les horizons occidentaux s'assombrissent de jour en jour. Thioune Mamadou Diop, représentant les pêcheurs sénégalais, a jeté un pavé dans la mare en dénonçant le détournement de fonds espagnols octroyés au gouvernement de l'ancien président Abdoullay pour la réinsertion de la jeunesse sénégalaise, «les 13 milliards de francs CFA débloqués par l'Etat ibérique ont été détournés de leur destination initiale. Cela n'a pas profité aux jeunes». Pour sa part, Jacques Niouky, représentant de l'organisation Pari, point d'accueil pour les réfugiés à Dakar, a dressé un tableau noir. «Nous accueillons des réfugiés de tous les pays limitrophes (Gambie, Mauritanie, Bénin, Guinée Bissau) qui projettent de prendre des pirogues pour naviguer sur la Méditerranée, mais nous n'y pouvons pas grand-chose pour eux, si ce n'est de les sensibiliser à retourner chez eux, les orienter ou les soigner par exemple. Quant au retour volontaire qu'on leur propose, ce n'est même pas la peine d'en parler…» Les onze journalistes, qui participent à l'atelier de formation au journalisme d'investigation, entameront dès aujourd'hui, et ce, pour trois jours, le travail de terrain à Dakar.