Au fur et à mesure que le président de la République abandonne le terrain en raison notamment de son état de santé, les partis de l'Alliance affichent et assument publiquement leurs divergences de vue sur pratiquement tout. Que reste-t-il de l'Alliance présidentielle, sur laquelle le chef de l'Etat s'appuyait pour gouverner depuis son arrivée au pouvoir, en avril 1999 ? Peu ou plus rien. La composante du nouveau gouvernement confirme l'effritement de ce «bloc» politique hétéroclite que seuls la personne et le programme du chef de l'Etat réussissaient. Composée du FLN, du RND et du MSP, trois partis qui détenaient la majorité au Parlement, mais aussi au sein des assemblées locales et de wilaya, l'Alliance présidentielle n'est désormais qu'un «slogan creux», un sigle qui représente les vestiges d'un long règne de Bouteflika. Guéguerre fln-rnd Donnée déjà pour morte depuis le début du Printemps arabe en 2011 et les divergences profondes avérées entre ses trois membres, l'Alliance présidentielle semble définitivement enterrée avec le changement du gouvernement dont le MSP est quasi absent et les parts des deux autres formations politiques (FLN et RND) ont été considérablement réduites au profit de technocrates et de certains responsables de «petits partis», à l'image de Amara Benyounès, du MPA, nommé à la tête de l'Aménagement du territoire, de la de l'Environnement et de la Ville et de Mohamed Saïd, du PLJ, qui aura la charge d'un secteur aussi sensible que celui de la Communication. Le MSP n'a désormais que deux postes ministériels, qu'il a conservés difficilement depuis qu'il a basculé dans «l'opposition». Les deux autres partis n'ont plus la majorité au gouvernement. Le msp fait cavalier seul Le divorce entre les partis de l'Alliance a certes commencé depuis plusieurs années. Les chefs des trois partis continuaient à entretenir un partenariat politique de façade en s'affichant ensemble, sans conviction, lors des sommets de passation de la présidence tournante de cette entité politique qui se voulait la locomotive de la mise en application du programme présidentiel. Au fur et à mesure que le président de la République abandonne le terrain en raison notamment de son état de santé, les partis de l'Alliance affichent et assument publiquement leurs divergences de vue sur pratiquement tout. Les rivalités ont été remises au goût du jour et les attaques par presse interposée se multiplient. Les choses se sont précipitées depuis 2011 dans un contexte politique tendu et marqué par le Printemps arabe, qui a secoué plusieurs pays de la région. L'annonce par le chef de l'Etat des réformes politiques, le 15 avril dernier, n'a pas eu l'adhésion de tous les membres de l'Alliance. Le MSP s'est même démarqué de la démarche présidentielle qu'il n'a pas hésité à critiquer. Dans l'espoir de se refaire une virginité après avoir été pendant de longues années dans le gouvernement au bilan peu flatteur, il crée avec deux autres partis islamistes (Ennahda et El Islah), l'Alliance pour l'Algérie verte, sans obtenir l'effet escompté. Le nombre de sièges obtenus à l'APN était inférieur à celui de la législature précédente. Entre le FLN et le RND, la guerre était aussi féroce. Il était clair que les trois partis ne s'entendaient plus. Pour de nombreux observateurs, l'effritement de l'Alliance présidentielle signifie le début de la fin du règne de celui par lequel elle a vu le jour, à savoir le président Abdelaziz Bouteflika. Pour d'autres, le chef de l'Etat aura renoncé à ce triumvirat politique qui a prouvé ses limites et qui n'a plus l'ancrage politique nécessaire pour la gestion de la difficile et complexe conjoncture actuelle. L'avenir nous le dira.