Les praticiens de la santé et les malades ont poussé hier un grand «ouf». Djamel Ould Abbès n'est plus à la tête du département de la Santé et de la Réforme hospitalière, il a été remplacé par l'ex-président de l'APN, Abdelaziz Ziari. C'est un soulagement pour le monde de la santé. «Le secteur de la santé vit la pire des crises qu'il a connues depuis les années 1980. C'est la descente aux enfers. Le nouveau ministre héritera d'une gestion des plus catastrophiques», témoignent les syndicats de ce secteur. Du règne de Ould Abbès, les praticiens et les syndicats garderont en mémoire les souffrances des malades dues à la pénurie de médicaments. Jamais la pénurie de médicaments n'a atteint un stade aussi critique. «Certes, nous avons connu des moments de pénurie, mais ces deux dernières années, la situation s'est aggravée. Le plus dramatique, c'est le refus du ministère de la Santé de reconnaître cet état de fait», se sont insurgés les syndicats. Ces derniers ont multiplié leurs protestations pour amener Ould Abbès à prendre en charge ce dossier et tant d'autres, mais en vain. Même les cris de détresse des malades qui se plaignent de la pénurie de médicaments n'ont pas eu écho auprès de Ould Abbès. Le docteur Youcefi, président du Syndicat des spécialistes, n'a pas caché sa satisfaction suite au limogeage de Ould Abbès. «Depuis l'indépendance du pays, le système de santé algérien n'a pas connu un tel dysfonctionnement. Nous interpellons le nouveau ministre pour redynamiser le système de santé et régler en urgence le problème de la pénurie de médicaments», note Youcefi. Pour les syndicats, le départ de Ould Abbès était prévisible du fait de la situation de blocage qu'il a créée avec les partenaires sociaux, mais également devant le constat établi par tous (professionnels et citoyens) que le secteur de la santé vit la pire des crises. «Jamais le secteur n'a été aussi critiqué et montré du doigt comme il a été ces deux dernières années. Nous nous réjouissons de la venue de M. Ziari à qui nous assurons notre disponibilité avec d'autres pour œuvrer à solutionner les problèmes du secteur», déclare le docteur Merabet, porte-parole du Syndicat des praticiens. Celui-ci juge, toutefois, que le changement est salutaire, mais ne suffira pas à lui seul d'inverser la courbe négative qui accompagne la gestion désastreuse du secteur. Les syndicats rappellent leur attachement au dialogue et à la concertation, expliquant que les défis au niveau du secteur sont très importants. Le nouveau ministre, Abdelaziz Ziari, aura du pain sur la planche. Il s'agit, relèvent les syndicalistes, de la refonte du secteur sanitaire, la contractualisation des établissements de soins, la réorganisation de la carte sanitaire, le dossier du médicament, l'abrogation des arrêtés portant sur les concours. «Ziari doit être à la hauteur des aspirations du citoyen qui maudit chaque jour le secteur de la santé à cause de tous ces problèmes, mais nous sommes conscients qu'être médecin ministre n'est nullement une référence», observe le docteur Merabet. Faut-il, au passage, préciser que Abdelaziz Ziari était, il y a à peine quatre mois, le troisième homme de l'Etat en occupant le poste de président de l'Assemblée populaire nationale. Sollicité, il revient au gouvernement pour occuper un «simple» poste de ministre…