Lors de sa visite en février dernier à la maison de l'artisanat de Aïn Beïda, le désormais ex-ministre du Tourisme et de l'Artisanat, Smaïl Mimoun, avait exhorté les responsables du secteur à redoubler d'efforts pour parachever les projets relevant de son secteur. Il s'agit notamment de la maison de l'artisanat et du centre d'orientation touristique, implantés tous les deux dans la ville des Haractas. Des projets destinés au développement de la région des Hauts-Plateaux et qui remontent à 2007. Pourquoi ce choix, se demandent d'aucuns ? Tout simplement parce que le fameux tapis des Haractas est tissé dans cette partie de la wilaya d'Oum El Bouaghi, et sa renommée a dépassé les frontières nationales en raison de la beauté de ses motifs et de la finesse de son tissage. En dépit des recommandations du ministre, les projets censés booster et le secteur de l'artisanat et de celui du tourisme, sont toujours en veilleuse, surtout la maison de l'artisanat dont les travaux sont en berne. Un vieux tisserand interrogé par nos soins, n'a pas trouvé d'autre réponse que celle-ci: «Le tapis des Haractas c'est du passé.» La relève n'est plus assurée depuis que la petite fabrique de tapis a fermé ses portes voilà maintenant plus de deux décennies. Il fut un temps où chaque foyer était fier de posséder un tapis fait main; aujourd'hui, les futures mariées se contentent de tapis manufacturés et importés des pays d'Orient. La famille connue à Aïn Beïda pour la confection des tapis, a abandonné la pratique pour diverses raisons dont la plus importante a trait au prix excessif de la laine. «Un tapis de trois mètres sur deux revient à près de 5 millions de centimes», nous confie un vieux tisserand. Il faut déplorer aussi la disparition tragique du métier de teinturier. Par le passé, l'unité de la société nationale de l'artisanat traditionnel (SNAT) fournissait la matière première aux artisans tisserands pour les aider à fabriquer des tapis, «henbels», burnous et «kachabias», mais hélas, même cette unité a fermé ses portes. Devant cet état de fait, à quoi pourrait servir une maison de l'artisanat, si les artisans ne disposent pas de matière première abordable et des subventions pour assurer la relève? Telle est la question qui revient sur les lèvres des gens du métier. Un métier qui constitue un pan du patrimoine ancestral de la région et qui vit, ces jours-ci, des moments pénibles,avec un risque grandissant de disparition.