Plus de 800 stands de fortune, de fruits et légumes, vêtements, produits alimentaires et cosmétiques, installés autour du souk Abacha, ont été démolis hier. Son démantèlement de l'endroit qui a empoisonné la vie aux habitants d'une partie du centre-ville de Sétif, durant presque 30 ans, a été salué par les riverains qui respirent enfin. Pour déloger près de 1000 commerçants non inscrits au registre du commerce, pas moins de 600 policiers ont été mobilisés. L'opération, qui a débuté hier à partir de 2h du matin, ne s'est pas déroulée sans heurts, il y a eu des échauffourées aux alentours de l'espace précité. La circulation routière a été momentanément perturbée. Les policiers, qui n'ont pas eu trop de peine à maîtriser la situation, ont interpellé, nous dit-on, 20 individus dont 3 pour destruction de biens publics (abribus et autres). Selon la même source, tous les mis en cause ont été relâchés en fin de journée. Notons qu'un important cordon de sécurité a été par ailleurs déployé autour du siège de la wilaya où des centaines de commerçants se sont rassemblés sans pour autant provoquer des incidents. Approchés par nos soins, les «délocalisés», qui ne cachent pas leur colère, fustigent les pouvoirs publics qui protègent, selon eux, les gros bonnets de l'informel. «Au lieu d'abattre la tête de la pieuvre qui alimente l'informel, l'Etat s'attaque à de petites gens comme nous. Il (l'Etat s'entend) fait fausse route, car le vendeur à la sauvette est le maillon faible de l'informel qui se trouve entre les mains du cartel qui engrange d'incommensurables profits. Avant de démanteler ces souks, on doit bien surveiller nos frontières et nos ports par lesquels transitent ces marchandises qui tuent à petit feu l'économie nationale», diront non sans colère des «commerçants» activant à Abacha depuis plus de 20 ans. «Qu'allons-nous devenir maintenant ?», s'interrogent nos interlocuteurs qui interpellent les pouvoirs publics pour aider les «délogés» à intégrer le formel. Le son de cloche est tout autre chez les habitants des quartiers environnants. «L'Etat, qui a laissé faire des décennies durant, montre qu'il est en mesure de prendre les choses en main. Après plus de 20 ans de galère causés par ces faux commerçants qui nous ont rendu la vie impossible, nous allons enfin vivre en paix et dans un environnement sain», clament nos interlocuteurs qui ont tenu à fustiger les élus locaux qui ne sont, d'après eux, pour rien dans la délocalisation de Abacha, l'autre balafre de la ville de Sétif, n'étant plus belle et propre comme elle était au bon vieux temps…