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Brahim Bendjaber (Membre fondateur du Forum des chefs d'entreprises (FCE) et président de la Chambre de commerce et d'industrie Sahel) « L'Etat doit réactiver le Conseil de la concurrence »
Président de la Chambre de commerce et d'industrie Sahel, qui regroupe les wilayas d'Alger et Boumerdès, Brahim Bendjaber est également trésorier général au sein du Forum des chefs d'entreprises (FCE). Il aborde, à travers cet entretien, les premiers effets qu'induit sur l'économie nationale la mise en œuvre de l'accord d'association entre l'Algérie et l'Union européenne, en vigueur depuis septembre dernier. Comment analysez-vous les premiers effets de la mise en œuvre de l'accord d'association engagé avec l'Union européenne (UE) ? Après seulement six mois de mise en œuvre de l'accord d'association avec l'Union européenne, on ne peut vraiment faire une évaluation précise de ses effets sur les entreprises et l'économie nationale. Qui plus est, l'entrée en vigueur de cet accord est intervenue en septembre, c'est-à-dire à la fin d'un exercice. L'évaluation de son impact aurait été plus précise si sa mise en œuvre avait commencée, par exemple, en mars 2005, car elle aurait alors porté sur un exercice entier. Les premières retombées de la mise en œuvre de l'accord d'association avec l'UE commencent tout de même à se faire sentir dans certains secteurs. Qu'en est-il au juste ? Il faut d'abord dire qu'il est encore trop tôt pour tirer des conclusions. Toutefois, si l'on se réfère à l'enquête d'opinion réalisée par le Forum des chefs d'entreprises, les retombées positives de l'accord d'association touchent surtout les secteurs de la pharmacie, la pétrochimie, le bois et papier et l'industrie plastique. Ces secteurs ont ainsi tiré profit de la mise en œuvre de l'accord d'association en accédant à la matière première importée d'Europe à taux zéro. En revanche, les industries qui vont vraiment souffrir sont l'agroalimentaire, du fait de la concurrence des produits importés, ainsi que les cuirs et textiles qui, étant une branche déjà sinistrée, risque de souffrir encore davantage. Les entreprises algériennes peuvent-elles aspirer à placer leurs produits sur le marché européen ? L'Union européenne offre un marché de 380 millions de consommateurs avec un pouvoir d'achat appréciable. Parvenir à placer des produits sur ce marché est un objectif tout à fait à la portée des entreprises algériennes, pour peu qu'elles s'adaptent aux normes européennes. Le problème qu'il faut cependant relever est l'absence en Algérie d'un réseau de sous-traitance. Un tel réseau pourrait permettre aux entreprises de profiter pleinement des avantages de l'accord d'association. Le principe du premier venu, premier servi, pour ce qui des importations soumises au système des contingents, suscite bien des critiques. Comment analysez-vous sa mise en pratique ? Avec le principe des contingents et du FIFO - premier venu, premier servi - si un groupe donné a la capacité financière nécessaire, il peut accaparer tout un contingent et jouer, de la sorte, comme il veut, sur les prix à la vente des produits importés. Même s'il est vrai qu'il n'y a pas de règles universelles en ce domaine précis, il reste cependant nécessaire de se référer à la loi sur la concurrence qui tient compte des cas d'abus de position dominante. Il s'agit en l'occurrence de mettre des garde-fous à l'instauration de nouveaux monopoles quant à l'importation de certains produits. Aussi, l'Etat doit réactiver le conseil de la concurrence afin de veiller à ce qu'il n'y ait pas d'abus de position dominante, donc de situation de monopole. La mise en œuvre de l'accord d'association avec l'UE favorise-elle, selon vous, les objectifs de développement de l'économie nationale ? Globalement, l'accord d'association devra être bénéfique pour l'Algérie et ce, même à court terme. C'est un accord qui nous ouvre les portes du marché européen, et pour que l'on puisse en tirer réellement profit, il faut surtout que l'Administration sache s'y impliquer.