Les groupes terroristes, tels que AQMI, ont très rapidement compris l'intérêt financier qu'ils pouvaient en tirer, en se rapprochant des groupes criminels et autres trafiquants de tous bords, et ce, quels que soient leurs points communs. Les trafiquants de drogue auraient blanchi environ 1600 milliards de dollars américains, soit 2,7% du PIB mondial en 2009, selon un rapport publié le 25 octobre 2011 par l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC). Ce chiffre correspond à la fourchette de 2 à 5% du PIB mondial, établi préalablement par le Fonds monétaire international, afin d'estimer l'ampleur du blanchiment d'argent. «Le suivi des flux de fonds illicites générés par le trafic de drogue et le crime organisé et l'analyse de la manière avec laquelle ils ont été blanchis à travers les systèmes financiers mondiaux restent de lourdes tâches», reconnaît Yury Fedotov, directeur exécutif de l'ONUDC dans son rapport présenté lors de la 4e session de la Conférence des Etats parties à la Convention des Nations unies sur la corruption tenue «judicieusement» à Marrakech, (Maroc). En effet, moins de 1% des flux financiers illicites mondiaux sont actuellement saisis et gelés, selon cette étude intitulée : «Estimation des flux financiers illicites résultant du trafic de drogues et d'autres crimes transnationaux organisés». Le rapport de l'ONUDC indique que : «tous les bénéfices de la criminalité, à l'exclusion d'évasions fiscales, s'élèveraient à environ 2100 milliards de dollars américains, ou 3,6% du PIB en 2009. En-dehors de ce montant, les bénéfices de la criminalité transnationale organisée - comme le trafic de drogue, contrefaçon, trafic d'êtres humains et contrebande de petites d'armes - s'élèveront à 1,5% du PIB mondial, 70% desquels auraient pu probablement être blanchis à travers le système financier». Ce trafic de drogue est, par ailleurs, aggravé par les liens tissés entre les narcotrafiquants et les groupes terroristes présents au Sahel, tels qu'Al Qaîda au Maghreb islamique (AQMI), Ansar Dine (Défenseurs de la foi), Boko Haram et le Mouvement d'unité pour le jihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO), estime, dans une contribution parue en juillet 2012 dans Le Monde, Abdelkader Abderrahmane, chercheur à la Prévention des conflits et analyses des risques, (CPRA) à l'Institut d'études de sécurité (ISS), Ethiopie. «Trafics d'armes, de drogues et blanchiment d'argent sont devenus monnaie courante entre tous ces groupes. En outre, des liens grandissants se tissent aussi entre les narcoterroristes présents en Afrique de l'Ouest et les groupes mafieux européens, tels que la camorra», analyse-t-il. En effet, pour ce spécialiste, il est établi que la mafia italienne et Al Qaîda ont coopéré dans un passé récent, afin que ce dernier profite de l'expertise de la camorra pour, par exemple, le trafic de faux documents. A travers ces coopérations, ce sont tous ces groupes qui s'entraident et bénéficient de leurs expertises respectives qui pourront éventuellement se transformer en groupes hybrides, comme le sont actuellement les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC). Les groupes terroristes, tels que AQMI ont très rapidement compris l'intérêt financier qu'ils pouvaient en tirer, en se rapprochant des groupes criminels et autres trafiquants de tous bords, et ce, quels que soient leurs points communs. En effet, alors que les actions violentes d'AQMI sont présentées sous des idéaux religieux, le groupe est néanmoins bien plus intéressé par l'appât du gain à travers ses demandes de rançons et autres activités parallèles, comme le crime organisé et la contrebande. «A ce titre, selon la US Drug Enforcement Agency (DEA), 60% des groupes terroristes étrangers ont un lien avec le trafic de drogue. Pareillement, il est estimé que 80% des chefs taliban en Afghanistan combattent pour un profit financier et non pour une quelconque idéologie religieuse», étaye le chercheur Abdelkader Abderrahmane.