Un groupe de dirigeants de clubs professionnels va plancher sur la charte de bonne gouvernance. C'est une louable initiative qui s'inscrit en droite ligne de ce que préconisent des organes de la FIFA et de l'Union européenne de football (UEFA) pour lutter contre la grave crise financière qui secoue la planète football, à l'exception, bien sûr, de quelques pays à l'instar de la Chine et de pays du Golfe qui sont devenus le nouvel eldorado et les destinations prisées de footballeurs en quête de consolidation de leurs (énormes) revenus de plus en plus taris sur le vieux continent. Le football professionnel en Algérie, instauré depuis plus de deux ans, fait face, lui aussi, à une situation difficile. Les clubs, transformés en sociétés par actions (SSPA) sont étranglés financièrement et portent une lourde, pour ne pas dire une totale responsabilité dans ce qu'ils sont en train d'endurer. Tous ont opté pour une politique salariale suicidaire sans jouir, préalablement, des moyens de cette politique. Rares sont les clubs pros qui présentent un bilan financier qui ne soit pas négatif. Selon des sources concordantes, l'écrasante majorité des clubs est en faillite ; cela ne les a pas empêchés pour autant de s'adonner à leur exercice favori, le recrutement à tour de bras. Très peu ont enregistré des rentrées d'argent au chapitre transferts. Alors qu'ils sont criblés de dettes, ils se sont adonnés avec frénésie à l'achat de joueurs avec, en sus, des salaires et des primes qui frisent l'irresponsabilité. C'est dans ce domaine précis que les responsables des clubs pros doivent faire des progrès pour ne pas mettre en danger les SSPA. En Europe, par exemple, les clubs n'ont pas recruté avoir d'avoir vendu des joueurs, donc dégraissé la masse salariale en réduisant drastiquement les revenus des joueurs ainsi que les effectifs. Les dirigeants algériens sont-ils prêts à tourner le dos à la mauvaise politique qu'ils ont suivie durant deux ans ? Rien n'est moins sûr si l'on considère ce qu'ils ont fait durant l'intersaison. Ils ont aggravé leur déficit en recrutant à tour de bras sans se soucier des inéluctables conséquences qui découleront sans le moindre doute sur leur santé financière. Non contents de dilapider l'argent reçu des pouvoirs publics, des partenaires et sponsors peu regardants sur son utilisation et qui ne semblent pas du tout concernés ni inquiétés par le bilan négatif annoncé, les clubs professionnels demeurent plus que jamais arrimés au réflexe de l'assistanat et de la perpétuelle attente des subsides des pouvoirs publics. C'est le professionnalisme «made in Algeria» qui n'a strictement rien à voir avec le vrai professionnalisme. Les dirigeants qui vont rédiger la charte de bonne gouvernance seront attendus sur la question des salaires qui plombe leur gestion. Arriveront-ils à un accord de plafonnement des salaires et primes de transfert ? Ce sera leur premier vrai examen. De leur faculté à répondre à l'exigence dépendra la survie ou la mort du professionnalisme en Algérie sans préjuger, bien sûr, d'autres paramètres (endogènes et exogènes) qui handicapent le processus de confortement du professionnalisme en Algérie.