Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, a réuni hier, au Club des Pins, les walis du Centre, des Hauts-Plateaux et du sud du pays, en présence des responsables de plusieurs ministères concernés par l'ordre du jour de cette rencontre : le Commerce, l'Habitat, l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et de la Ville, l'Industrie ainsi que l'Agriculture. Saïd Rabia Plusieurs décisions ont été prises. La première est la résorption du commerce informel dont le nombre, selon le ministre de l'Intérieur, a atteint plus de 70 000 intervenants. «On en a recensé deux catégories : des jeunes poussés par la nécessité et des commerçants vicieux qui ont en parallèle versé dans l'informel», a expliqué M. Ould Kablia, qui a préconisé, devant les walis, plusieurs solutions, entre autres «le redéploiement des commerces informels dans des espaces appropriés», la création de marchés de proximité, la conversion des 100 locaux par commune réalisés dans le cadre du programme du président Bouteflika. Selon le ministre de l'Intérieur, qui a répondu aux préoccupations des walis, «le problème de financement ne se pose pas» : 14 milliards de dinars sont prêts pour la réalisation de marchés couverts, a-t-il indiqué, avant d'ajouter que l'entreprise Batimetal a même été sollicitée pour présenter un modèle de marché en structure métallique modulaire. En s'engageant à examiner tous les moyens de financement, le ministre a souligné que les bénéficiaires de ces nouveaux espaces seront ceux qui ont déjà une activité dans l'informel. Ceux-là auront, selon lui, une autorisation de pratiquer l'activité commerciale. Une proposition a été même faite de les exonérer d'impôts pendant trois ans. L'autre point qui a accaparé les travaux de la rencontre au Club des Pins est évidemment le nettoiement des villes du pays par la collecte des déchets ménagers. Le constat amer est fait par le tout nouveau ministre de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et de la Ville, Amara Benyounès. Un fichier national des bénéficiaires de logements sociaux en élaboration «Nous avons un pays sale et des villes sales», a-t-il martelé en invitant l'assistance à prendre des mesures très urgentes, dont la collecte et le ramassage des ordures ménagères. L'orateur, qui a insisté sur la provocation d'un choc psychologique, préconise une gestion pérenne de la situation. Mettant en relief la dégradation du cadre de vie, la saleté, les constructions sur les terrasses, la prolifération des parkings sauvages, Amara Benyounès demande à construire autrement, en injectant de la vie dans nos cités et surtout à réhabiliter l'autorité de l'Etat. Avant de passer la parole à l'assistance, Daho Ould Kablia dira à l'intervenant que «s'il a réussi en tant qu'homme politique, il est attendu sur le plan de la gestion». Beaucoup de walis ont exposé leurs difficultés en matière de ramassage des déchets ménagers, l'absence de moyens et de ressources financières. Pas seulement, il y a aussi la problématique de sensibilisation des citoyens et de la société civile. Certains ont fait remarquer au ministre de l'Intérieur que le traitement des déchets est une industrie qui demande la mise en place d'une politique bien réfléchie. Il ne l'entendra pas de cette oreille. Pour lui, «l'urgence est de nettoyer, après on parlera de la gestion». Pour M. Ould Kablia, «il ne faut même pas trop compter sur la société civile, qui n'est pas encore au niveau requis» ! Pour preuve, a-t-il dit, «depuis l'adoption des nouvelles lois, il n'y a eu que 20 demandes d'agrément d'association alors qu'il y en a eu une centaine pour les partis politiques». L'autre directive donnée aux walis est l'attribution des logements sociaux locatifs. Plus de 11000 unités achevées ne sont pas distribuées sous prétexte qu'on s'apprête à organiser les élections communales. «Faites-le, même si nous savons qu'il existe des erreurs», a soutenu M. Ould Kablia. Le ministre de l'Habitat, Abdelmadjid Tebboune, présent à cette rencontre, a révélé en effet que son département est en phase de préparation d'un fichier national des bénéficiaires de logement social afin de recenser avec exactitude les besoins réels en ce type de logement. «Nous savons qu'il y a des personnes qui en ont bénéficié plusieurs fois en falsifiant des documents», a lancé le ministre, qui a estimé qu'«aucun pays au monde n'a fait en matière de logement social ce qu'a fait l'Algérie». M. Tebboune, qui a annoncé le retour à la location-vente (AADL), a souligné que d'autres formules seront mises en place, entre autres le «logement rural groupé».