En raison de l'absence de l'ensemble des témoins, le procès en appel de Mejdoub Chani (homme d'affaires algéro-luxembourgeois) et de Mohamed Boukhari (ex-conseiller du PDG d'Algérie Télécom) a été renvoyé hier au 18 octobre prochain. Une audience spéciale sera consacrée à cette affaire. Les avocats exigent la présence de Dominique Fermine (représentant de Natixis Luxembourg) qui, «serait prêt à apporter de nouvelles révélations» sur le dossier. Le procès en appel de Mohamed Boukhari (ex-conseiller de Algérie Télécom 2004-2006) et de Chani Mejdoub a été ajourné, hier, pour la troisième fois, au 18 octobre prochain. C'est le juge Aït Okacha qui a pris en charge le dossier, en remplacement de Tayeb Hellali, le magistrat ayant assuré la présidence des deux précédentes audiences. Hier, les avocats semblaient plus sereins quant au jugement de l'affaire dans laquelle deux sociétés chinoises, Huawei (privée) et ZTE (publique), spécialisées dans les réseaux d'accès à internet, sont également poursuivies pour «corruption, trafic d'influence et blanchiment d'argent». Dès l'ouverture de l'audience, une pléiade d'avocats se présente à la barre. Maître Khaled Bourayou prend la parole ; il fait partie du collectif de la défense de Mejdoub Chani, dont la composante a été renforcé hier par Me William Bourdon, un avocat du barreau parisien spécialisé dans les affaires de corruption impliquant les chefs d'Etat africains. En clair, une «grosse pointure» très connue dans le domaine du droit pénal international. En fait, Me Bourayou revient sur la «nécessaire» présence d'un témoin-clé cité dans le dossier et dont «les déclarations ont servi de base pour l'inculpation» de son mandant. «Monsieur le juge, nous insistons sur la convocation de Dominique Fermine, ce fonctionnaire de la banque Natixis du Luxembourg. Nous voulons d'abord qu'il nous dise s'il y a un lien entre Mohamed Boukhari et Chani Mejdoub, mais aussi qu'il nous explique ses dernières déclarations qu'il a notifiées dans cette lettre», déclare Me Bourayou en remettant la copie du document au juge et au représentant du ministère public. «Dans cette lettre, Fermine revient sur les propos tenus devant le juge dans le cadre de la commission rogatoire. Il déclare tout à fait le contraire de ce qu'il a dit au début et qui avait servi pour l'inculpation de Chani. Il s'est même déclaré prêt à être entendu si la justice algérienne le convoque au procès. Son témoignage est très important pour l'éclatement de la vérité, tout autant que celui du représentant de la banque Natixis du Luxembourg, parce que Chani est une victime et non pas un prévenu.» Le juge répond : «Cette demande aurait dû être présentée lors de l'instruction ou, à la limite, lors du procès en première instance. Aujourd'hui, nous jugeons le droit et non pas le fond.» Le magistrat se tourne vers le représentant du ministère public qui lui précise : «La même demande a été formulée lors des précédentes audiences, mais nous laissons la réponse à votre entière appréciation.» Le juge appelle les nombreux témoins cités dans l'affaire et qui sont tous cadres d'Algérie Télécom, notamment les membres des commissions des marchés. Personne n'a répondu présent. Le juge décide alors de renvoyer l'affaire. «La présence de ces témoins est très importante pour le dossier. Il faut qu'ils soient tous entendus. Nous ajournons le procès au 18 octobre prochain», dit-il, en précisant : «Vu que l'affaire est importante, une audience spéciale s'impose.» En fait, cette audience aura lieu jeudi 18 octobre. Une date retenue avec l'accord des avocats. A signaler que le magistrat a beaucoup insisté sur la présence des représentants des deux sociétés chinoises, Huawei et ZTE, mais également de l'interprète. Il est à rappeler que celles-ci avaient été condamnées en tant que personnes morales à une amende de 3 millions de dinars et à l'exclusion des marchés publics pour une durée de trois ans. Trois de leurs responsables, en fuite, ont écopé d'une peine 10 ans de prison. Quant à Mejdoub Chani et Mohamed Boukhari, le tribunal d'Alger les a condamnés à une peine de 18 ans de prison, assortie d'une amende de 5 millions de dinars et la confiscation de leurs biens. Décision jugée par de nombreux avocats de «très sévère» par rapport aux faits reprochés.