Le Mali n'a pas quitté la scène internationale, des pays prenant même l'initiative de l'y maintenir. Ce pays de la bande sahélo-saharienne, accablé par la nature et des conflits devenus récurrents, pourrait même devenir le théâtre d'une guerre. Avant même qu'un tel débat ne se déplace dans l'enceinte de l'ONU qui rajoute à la solennité des discussions, et éventuellement des décisions qui pourraient y être adoptées, la tendance déjà fortement marquée au séparatisme et à la menace que font peser les groupes salafistes qui occupent le Nord malien, les discussions bien longues entre la Cédéao (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest) et les autorités maliennes, ont abouti à un accord sur les conditions de déploiement d'une force africaine. Pendant ce temps, l'Algérie et le Niger, faisaient savoir qu'ils privilégiaient la voie du dialogue, avec cette précision apportée par le ministre nigérien de la défense selon laquelle «il est très facile d'entrer dans la violence, mais il est extrêmement difficile d'en sortir». Le même jour, le Mali précisait, quant à lui, qu'il acceptera la présence de troupes ouest-africaines de la Cédéao, mais «pas d'autres pays». Et là où tout le monde convient, c'est qu'il y a urgence «pour empêcher que le Mali ne contamine les autres Etats de la région». Pourtant, convient-on encore, une restructuration de l'armée malienne prendra du temps (jusqu'à dix-huit mois), tandis que la Cédéao manque d'effectifs. C'est ce débat que certains craignent qu'il soit ramené à ce qu'on appelle simplement la crise malienne qui n'est pas moins complexe, il faut bien en convenir, qui devait se tenir hier sous l'égide du secrétaire général de l'ONU. Cela fait bien des années que l'on parle de la situation dans cette région, avec des approches différentes et même contradictoires. Elle a été aggravée par le conflit libyen, avec ce grand marché de l'armement et, aussi a-t-on tendance à oublier, tous les trafics, dont celui de la drogue révélé par le crash d'un avion chargé de ce produit prohibé. A quoi pourrait servir un tel débat s'il n'est pas sanctionné par des décisions adéquates susceptibles de restaurer la souveraineté du Mali sur l'ensemble de son territoire, et l'éradication des groupes terroristes et des différents trafics qui sont autant de menaces qui pèsent sur l'ensemble des pays de cette région ? Attirer l'attention, ce qui est en soi important, et amener l'ONU à s'y intéresser d'assez près. L'organisation internationale pourrait bien nommer un envoyé spécial pour le Sahel, mais l'on sait que l'Assemblée générale des Nations unies n'a aucun pouvoir de décision. Les autorités maliennes se sont gardées d'emprunter cette voie en s'adressant au Conseil de sécurité afin d'amener la communauté internationale à intervenir dans cette crise. Elles demandent une résolution basée sur le fameux chapitre sept de la Charte de l'ONU autorisant le recours à la force «afin d'aider l'armée malienne à reconquérir les régions du Nord occupées». Mais il semble depuis mardi qu'il ne soit question que d'une force ouest-africaine, et «pas d'autres pays». Même l'ONU a réclamé des précisions, est-il nécessaire de le souligner. Si cela n'aide pas à la prise de décision appropriée, cela permet d'appréhender au moins la complexité de la situation. La boucle ainsi bouclée, qui interviendra alors ? Ou encore quelle solution pour la crise au Mali, même s'il est déjà question de guerre, et en ce sens de préparatifs avec la présence de soldats nullement originaires d'Afrique puisque outre celle de l'intervention, la question se pose aussi en ces termes. Des conseillers, dit-on encore, comme s'il s'agissait de rassurer les uns et les autres.