Au deuxième jour du débat autour du plan d'action du gouvernement, les députés sont revenus à la charge pour demander des comptes au Premier ministre sortant. Ils étaient nombreux à critiquer la démarche du gouvernement. Des élus de différentes tendances ont estimé que le plan d'action de l'Exécutif présenté mardi par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, aurait dû être accompagné d'un bilan de son prédécesseur. «Ouyahia doit rendre des comptes devant l'Assemblée, ce qui nous permettra de mieux contrôler le travail du nouveau chef de l'Exécutif. En ignorant les députés, le Premier ministre sortant a bafoué les lois de la République», se sont plaints certains députés. Les proches de Ouyahia ont également réclamé le passage de leur patron devant l'Assemblée, afin qu'il puisse défendre son travail. Faisant part de la «satisfaction» de leur parti quant aux projets inscrits dans le cadre du plan d'action du gouvernement, les députés du PT ont relevé que l'actuel gouvernement, qui s'apprête à parachever les réformes engagées, doit d'abord établir une «évaluation des réformes déjà réalisées». Dans ce sens, des députés ont appelé l'Exécutif à renforcer davantage la transparence dans la gestion des fonds publics. «Il ne peut y avoir un réel développement socioéconomique en Algérie avec la bureaucratie et la corruption qui gangrènent actuellement l'administration», a averti le député Abderrahmane Benfarhat de l'Alliance de l'Algérie verte. Abondant dans le même sens, Noureddine Berkani du FFS a interpellé le gouvernement pour redynamiser la Cour des comptes qui devrait être, explique-t-il, le véritable organe de contrôle des finances publiques en Algérie. Ce même député ne comprend pas pourquoi opter pour un nouveau siège pour l'Office national de lutte contre la corruption à Hydra : «Un nouveau siège à Hydra n'est pas un critère pour garantir l'efficacité de cet office, l'important est de renforcer les prérogatives de cette structure.» Des députés ont exprimé leur ras-le-bol des lenteurs administratives et ont proposé l'ouverture du champ de travail devant les compétences marginalisées. Une autre députée du même parti (FFS), Hayet Meziani, a pointé du doigt le fonctionnement des comptes spéciaux du Trésor qui «violent», selon elle, les principes de la transparence budgétaire. Ce sont les «boîtes noires» du budget de l'Etat, a-t-elle déploré. Zina Ouakini Akhlef (RND) a recommandé pour sa part plus de rigueur dans les délais d'exécution des projets pour éviter les récurrentes réévaluations des coûts et supprimer par conséquent le recours à des budgets complémentaires. Le député Abdelbaki Touahria El Meliani a mis en garde contre les «limites des solutions conjoncturelles prises dans la précipitation», notamment dans le domaine du logement. Mohamed Nouri, également du FLN, a suggéré de relever le seuil maximum des salaires admis pour le logement social de 24 000 DA à 35 000 DA en raison, dit-il, de la détérioration continue du pouvoir d'achat des citoyens. Lors des débats, d'autres députés ont axé beaucoup plus leur intervention sur les manquements au niveau de leurs wilayas respectives. Les préoccupations d'ordre régional ont primé sur les problèmes à caractère national. Le système de santé qui laisse à désirer, l'école (avec le problème de la surcharge des classes et le manque d'enseignants), la justice qui n'est pas souvent juste, l'administration qui nécessite une refonte globale, la bureaucratie et la nécessité de mener une lutte acharnée contre la hogra et la corruption sont les principaux points soulevés par les députés.