Une toute nouvelle petite machine à bord des transports de voyageurs et de marchandises, les Algériens doivent désormais s'y habituer. (Suite page 6) Naïma Benouaret De quoi s'agit-il ? Le chronotachygraphe, un appareil électronique qui, outre la vitesse suivie, enregistre le temps de conduite et d'arrêt (coupures) ainsi que le temps de travail ou de disponibilité ; le total permettra de déterminer avec exactitude le temps de service assuré par le conducteur. Instauré par l'article 49 du code de la route (JO du 19 août 2001), le «mouchard» sera, en effet, officiellement lancé en Algérie le 7 octobre, par l'équipementier Continental VDO et son partenaire algérien Poids Lourds Services (PLS), basé à Skikda. Au total, un parc véhicules d'environ 300 000 transports de marchandises de plus de 3,5 tonnes et 50 000 transports de voyageurs de plus de 15 personnes devraient en être équipés, indique Fella Aggad, chef de projet à PLS, représentant exclusif de Continental VDO. Du ressort du ministère des Transports, l'instauration du chronotachygraphe, une première dans le Monde arabe et en Afrique, s'effectuera progressivement et sera accompagnée par le département de l'industrie et des mines via l'Office national de métrologie légale (ONML). «La mise en place du chrono est du ressort du ministère des Transports qui doit être accompagné par l'industrie (ONML) pour des questions pratiques. Elle sera graduelle pour absorber le parc concerné selon un calendrier à arrêter comme cela s'est fait pour le contrôle technique en 2003», explique Mme Aggad. Faciliter le contrôle des temps de conduite, veiller au strict respect du temps de repos quotidien et hebdomadaire des conducteurs devant être prescrits par les textes législatifs et combattre ainsi l'une des causes majeures des accidents de la route causés par les poids lourds, en hausse exponentielle, est l'objectif assigné à la mise en œuvre de l'obligation de les doter de ce type d'appareil. Pour quelle version, analogique ou numérique, le ministère des Transports a-t-il opté ? Car s'avérant être peu efficace, le chronotachygraphe analogique est en passe d'être définitivement abandonné en faveur du numérique où l'enregistrement se fait sur la puce de la carte conducteur. «La version analogique dont l'enregistrement se fait sur disque de papier est de moins en moins utilisé. Le dernier chronotachygraphe numérique mis au point, il y a quelques années, est plus efficace. Il permet de traiter deux causes sur trois des accidents de la circulation dus aux poids lourds : l'état des infrastructures routières et du véhicule ainsi que le facteur humain. Ses données sont d'une précision et d'une fiabilité incontestables. Si l'état du véhicule et de l'homme n'est pas mis en cause par l'enregistreur, c'est l'état de la route qui en sera la cible par défaut. C'est d'ailleurs ce à quoi ont abouti plus d'un parmi les spécialistes européens de la réglementation de la circulation routière», tient justement à souligner Djamel Guerfi, expert automobile. Or, en Algérie, c'est la version analogique qui semble avoir été retenue. «Les produits VDO sont des chronotachygraphes analogiques fabriqués au Brésil et actuellement demandés dans le monde entier. Les modèles approuvés par l'ONML ont déjà été produits en plusieurs millions d'exemplaires. VDO Continental est la seule à disposer de stations agréées et à être homologuées par l'Office national de métrologie», soutient Mme Aggad, représentante de PLS Algérie. «Nous comptons introduire les chronotachygraphes analogiques. Ni notre parc roulant ni nos infrastructures routières ne permettent d'instaurer les chrononumériques. Mais nous pourrions en faire l'acquisition si des demandes nous sont faites», renchérit Djamel Khadraoui, son collègue commercial. Si de l'autre côté de la Méditerranée, le «mouchard» est obligatoire depuis 1969 sur tous les véhicules de transport de personnes de plus de 8 places et sur les véhicules de transport de marchandises de plus de 3,5 tonnes, en Algérie, il a fallu, en revanche, attendre 33 longues années pour y penser et toute une décennie pour appliquer les textes de loi y afférents. Interrogé à ce propos, Kamel Khelifa, manager du commerce international, spécialiste des transports et logistique, répond : «Le chronotachygraphe aurait dû entrer en vigueur en 2001, date de promulgation du premier texte. Des modifications à un texte qui n'avait pas connu d'application ont été introduites en 2009.» S'agissant du parc de véhicules devant en être doté, il dira : «Bien malin est celui qui pourrait donner un chiffre précis avec des statistiques contradictoires entre celles communiquées par l'ONS, le ministère des Transports, les mines, les compagnies d'assurances... Mais on estime que le chronotachygraphe devrait toucher un parc d'environ 100 000 véhicules, dont les propriétaires ont intérêt, dans le cadre des nouvelles techniques de gestion caractérisées par l'informatique embarquée, de se doter évidemment de la version numérique.» Quant au choix du type d'équipement, notre interlocuteur précise : «Il appartient à chaque opérateur d'équiper par ses propres moyens ses véhicules, sur la base évidemment de critères et conditions fixés par l'Etat. Les fournisseurs connus appartiennent à des multinationales situées en gros dans quatre ou cinq pays d'Europe, d'Amérique du Nord, du Japon et désormais de Chine.»