Des réactions allergiques graves ont été signalées par des médecins spécialistes de deux établissements hospitaliers publics, à savoir l'hôpital militaire d'Alger et le CHU Mustapha suite à l'utilisation d'un dérivé sanguin. Il s'agit de l'albumine humaine à 20%, importée d'Inde auprès du laboratoire Reliance Life Sciences Pvt Ltd. Cette solution pour perfusion a été utilisée pour la première fois en Algérie dans certains services de ces hôpitaux. Suite à l'administration de ce produit, certains malades ont très mal réagi au point d'être admis en réanimation, avons-nous appris. Les pharmaciens-chefs de ces établissements ont été saisis par écrit par les différents chefs de service. La notification a été transmise à la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH), qui est l'importatrice exclusive des dérivés sanguins qui a, à son tour, informé le Centre de pharmacovigilance, l'Agence nationale du sang et le ministère de la Santé pour des contrôles approfondis du produit. Selon une source proche du dossier, les contrôles de ces dérivés de sang, qui sont très sensibles, sont limités seulement à la sérologie. «Tout ce qui est biochimique n'est malheureusement pas fait par l'Agence nationale du sang qui valide les produits», déplore-t-on. L'albumine humaine à 20% est indiquée, selon les spécialistes, lorsqu'il y a apparition d'œdèmes causés par un taux de protides très bas ; il est aussi prescrit dans les services de gastro-entérologie dans les cas de cirrhose, chez les grands brûlés et en hématologie. Ce produit a été enregistré en janvier 2012 après avoir été retenu dans un appel d'offres national et international de 2011 de la PCH. Il figure dans une liste d'une vingtaine de médicaments non enregistrés, pour lesquels le marché a été attribué en violation des dispositions du cahier des charges validé et du code des marchés, sur instruction du secrétaire général du ministère de la Santé, M. Bouchenak (toujours en poste), et de l'ex-ministre de la Santé, Djamel Ould Abbas. Ces médicaments ont été enregistrés une fois le marché attribué. Ainsi, l'albumine humaine à 20% injectable en intraveineuse, dont le contrôle a été fait par l'Agence nationale du sang (ANS), semble poser aujourd'hui un sérieux problème pour les malades. Pour le moment, aucune instruction des services et autorités de santé n'a été donnée aux hôpitaux sur la conduite à tenir face à ce produit. Par ailleurs, d'autres médicaments introduits dans les mêmes conditions que l'albumine humaine risquent d'avoir des conséquences graves sur les malades telles que le facteur 8 antihémophilique du même laboratoire, qui a fait également objet de contestation des spécialistes, notamment les hématologues, mais qui est actuellement au contrôle et non encore utilisé. Des anticancéreux, des antibiotiques et d'autres dérivés sanguins sont concernés. Toute une liste de produits a été introduite dans l'appel d'offres sans bénéficier ni d'un enregistrement ni d'une autorisation du ministère de la Santé, tel que prévu par le cahier des charges. La commission d'évaluation a été forcée d'attribuer le marché en application de l'instruction écrite du secrétaire général du ministère, M. Bouchenak, portant «obligation pour la commission de prendre en considération les produits en question», déplore notre source.