Les hémophiles ne font pas, d'emblée, confiance aux produits pharmaceutiques prochainement importés. C'est le cheval de bataille, en tout cas, de l'association des hémophiles qui prévoit un sit-in la semaine prochaine, si le ministère de la Santé maintient sa décision de mettre sur le marché algérien le facteur VIII antihémophilique provenant d'Inde. «Les malades craignent d'ores et déjà une pénurie de médicaments qui les contraindra à se rabattre sur le produit indien», indique Latifa Lemhène, présidente de l'association. L'appel d'offres national et international de la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) pour l'approvisionnement en médicaments a été définitivement attribué à Reliance. Ainsi, le facteur VIII antihémophilique qui n'est pas commercialisé dans son pays d'origine (Inde) va être importé par le laboratoire Reliance. «Le facteur VIII des laboratoires Reliance est d'origine plasmatique. Les donneurs de plasma d'où est extrait ce facteur sont originaires d'Inde ou d'autres pays asiatiques. Ce que l'on sait c'est que ces pays sont à forte endémicité HIV et on ne connaît pas la sélection des donneurs. Et c'est là le danger», prévient un professeur d'hématologie qui a souhaité garder l'anonymat. Ce dernier assure avoir demandé, avec des confrères, au ministère de la Santé de ne pas enregistrer le produit en question en Algérie. Aucun avantage Contrairement au facteur VIII indien, les laboratoires américains et français, pour la production des facteurs VIII et IX plasmatiques, se basent sur une sélection rigoureuse des donneurs, et une préparation du facteur avec des étapes de stérilisation. D'ailleurs, certains pays ont interdit la consommation de facteurs plasmatiques, à l'instar de la Belgique, du Canada et l'Angleterre. Par ailleurs, les spécialistes et les associations des hémophiles ne comprennent pas l'«entêtement» des responsables à choisir le facteur VIII indien alors que son prix est loin d'être compétitif. «Compte tenu de l'extrême rigueur dans la fabrication par les pays occidentaux de ces facteurs plasmatiques et aussi de leur prix bien inférieur aux recombinants, nous ne pouvons pas nous permettre d'importer uniquement du recombinant. Cela conduirait à des situations de pénurie», prévient le professeur d'hématologie. Il est à préciser que les dérivés du sang originaire d'Inde ont remporté le marché au détriment de produits qui étaient déjà enregistrés.