La Fédération algérienne d'escrime (FAE) est entrée dans une zone de turbulences. Depuis le 15 mars, elle est sans président suite à « la suspension, à titre temporaire, de Belhadj Chemseddine de ses fonctions de président de la FAE pour une durée de quatre ans », par le ministre de la Jeunesse et des Sports, Yahia Guidoum, Cette décision, la suspension du président de la FAE, est vivement contestée par Belhadj qui la qualifie « d'arbitraire et ne reposant sur aucune faute avérée, contrairement aux arguments avancés par la tutelle ». Cette affaire est sur toutes les lèvres. Les faits de cet épisode remontent au 9 mars dernier, date de la tenue de l'AGO. Ce jour-là, des membres de l'assemblée générale proposent que l'adoption du bilan moral et financier soit faite à bulletin secret. Chose que le président refuse, à juste titre d'ailleurs. Dans un document établi par le représentant du Comité olympique algérien (COA), adressé à sa hiérarchie, on peut lire : « Après avoir constaté que le quorum était atteint et adoption l'ordre du jour, un membre de l'AG demande la parole et propose de faire fi de la réglementation et de faire voter les bilans à bulletin secret... Le président de la FAE a rappelé la réglementation, notamment l'article 13 du règlement intérieur qui stipule que le vote concernant les bilans se fait à main levée. » A cette pertinente observation, soulignée par de nombreux observateurs, le MJS enfonce le (mauvais) clou en précisant, dans les attendus de la décision de suspension de Chemseddine Belhadj, « compte tenu des dysfonctionnements et infractions enregistrées lors de la tenue de l'AGO du 9 mars 2006 ...compte tenu des recours et des rapports émanant des membres de l'AG et des membres du bureau exécutif concernant la gestion des affaires de la fédération ... ». Chemseddine Belhadj conteste vivement cette décision qu'il qualifie de « fait du prince » ajoutant : « Je qualifie ma suspension de hogra parce que justice a été rendue en faveur de ceux qui ont prémédité la violation des règlements et pas au profit de ceux qui les ont défendus et protégés. » L'argument sur lequel repose la première partie des attendus de la décision du ministre ne résiste pas à l'analyse des faits avancés par Chemeseddine Belhadj et conforté par les écrits du représentant du COA. L'adoption des bilans moral et financier par voie de vote à bulletin secret n'est préconisé par aucun texte réglementaire. Si infraction il y a , elle se situe d'abord à ce niveau. Ce ne semble pas être l'avis de la tutelle qui cautionne cette démarche. Interrogé sur cette affaire, Kamel Guemar, directeur du sport de performance, a répondu : « Le problème est né du revirement du président qui après avoir accepté que le vote ait lieu à bulletin secret s'est ravisé et suspendu l'AG . » Concernant la sanction du président de la FAE, Kamel Guemar précise : « Elle a été prise conformément à l'article 100 de la loi. » Un acteur du mouvement sportif national fournit un éclairage supplémentaire sur cet aspect en ces termes : « L'article 100 de la loi concerne les fautes graves et il préconise de recueillir l'avis du Comité olympique national et celui de l'Observatoire du sport avant de prononcer une sanction. Une des deux parties au moins (c'est-à-dire le COA) n'a pas été sollicitée. » Est-il raisonnable de suspendre un président de fédération sans lui accorder la possibilité de se défendre et répondre aux griefs qui lui sont adressés ? Et puis suspendre quelqu'un pour une durée de quatre ans ... à titre temporaire, c'est du jamais vu dans les annales sportives d'ici et d'ailleurs. Affaire à suivre.