Le ministère des Transports sera confronté «dans les prochains jours» à un vaste mouvement de protestation enclenché par les fédérations régissant les métiers de transport en commun, taxi et auto-école affiliées à l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA). Dans une conférence de presse tenue hier par les représentants des trois fédérations, les difficultés causant «une anarchie sans précédent» ont été expliquées. L'UGCAA compte réunir ses délégués dans les prochains jours pour décider d'un calendrier d'actions de protestation. Un sit-in suivi d'une grève sont prévus, si rien n'est fait par la tutelle pour améliorer la situation des transports en Algérie, a déclaré Salah Souilah, secrétaire général de l'UGCAA. Les gérants d'auto-école contestent «les agissements» des responsables du ministère. «Nous avons saisi la tutelle sur les anomalies contenues dans le décret 110-2012 publié dans le Journal officiel du 6 mars dernier régissant notre activité. Et grande était notre surprise d'apprendre que dimanche dernier, la direction de la circulation routière a traité de ce dossier avec des partenaires qui n'ont rien à voir avec le secteur», explique Ahmed Zineddine Aoudia, président de la Fédération des auto-écoles. Les gérants d'auto-école saisissent la tutelle sur l'obligation de recourir à des diplômés licenciés pour la gestion de leurs établissements et l'obligation d'un cautionnement annuel de 500 000 DA ainsi que l'introduction de l'obligation du renouvellement de l'agrément tous les 10 ans. «Ce sont des clauses qui compliqueront davantage les problèmes auxquels sont déjà confrontées les auto-écoles. Nous avons exposé des difficultés liées à la formation des moniteurs et à l'indisponibilité d'examinateurs et, à la place, la tutelle pense régler le problème du chômage en obligeant les gérants d'auto-école à recruter des licenciés. C'est insensé», estime M. Aoudia. A souligner qu'une fédération affiliée à l'UGTA représentant les auto-écoles a annoncé que le ministère des Transports a promis la révision dudit décret en se penchant sur les préoccupations posées par les gérants de ces établissements. Une information que M. Aoudia nie en bloc. De son côté, Hocine Aït Brahem, président de la Fédération des chauffeurs de taxi, a décrit les «souffrances» quotidiennes des chauffeurs de taxi. «En l'absence d'un statut régissant le métier, c'est un cahier des charges anarchique qui définit notre profession», rappelle M. Aït Brahem. Parc roulant très vieux La Fédération exige la révision des critères d'attribution des licences d'exploitation et le contrôle de celles accordées aux moudjahidine et aux veuves de chouhada «qui font parfois l'objet de transactions douteuses». «Une grande anarchie caractérise le secteur et le chauffeur de taxi est perdu entre les démarches administratives pour rester dans le circuit régulier et les tracasseries financières. Une grande partie des chauffeurs vire vers l'informel», révèle M. Aït Brahem. Les transporteurs de voyageurs ne se portent pas mieux. Boucherit Abdelkader, président de la Fédération des transporteurs de voyageurs et de marchandises, pointe du doigt la tutelle, «responsable» de l'anarchie due à l'invisibilité des plans de circulation dans les grandes villes. Selon M. Boucherit, il faut redéfinir les critères d'attribution des lignes : «Comment se fait-il que les directions des transports des différentes wilayas se disent en train de lutter contre le vieillissement du parc roulant alors que leurs services attribuent des lignes à des bus d'au moins 20 ans ?» Concernant les tarifs, la Fédération dénonce le flou maintenu autour de cette question et exige des tarifs fixés pour les trajets de moins de 30 km. «Le transport privé reste le parent pauvre du secteur. Le ministère doit revoir sa copie s'il veut améliorer l'image des villes et la qualité des prestations», concluent les conférenciers.