Le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, a animé, hier à Alger, une conférence de presse fleuve au cours de laquelle il a dressé les bilans politique et économique du gouvernement. Durant près de trois heures, Ahmed Ouyahia a, chiffres à l'appui, passé en revue les principales réalisations accomplies par son équipe. Il a livré également, dans le détail, les principaux objectifs - qui sont au nombre de trois (désendettement, rattraper le retard de développement et construire une économie diversifiée) - que son gouvernement se donne le défi d'atteindre. Dans la présentation de son bilan, le chef du gouvernement n'a pratiquement omis aucun secteur. Il a, pour ainsi dire, inondé les journalistes de chiffres pour prouver les bonnes performances financières et les « importants » efforts de développement accomplis par le pays durant l'année 2005. S'il s'est efforcé, durant toute la durée de son intervention, de rassurer quant à la santé financière du pays, Ahmed Ouyahia a pris aussi un soin chirurgical pour expliquer la nécessité pour l'Algérie de s'astreindre à la ligne de conduite stricte pour se mettre durablement à l'abri des turbulences financières et éviter de rééditer les erreurs de gestion et d'appréciation commises par le passé. Des erreurs, a-t-il rappelé, qui ont précipité l'Algérie dans le gouffre de la crise économique, qui est en partie responsable de l'engrenage sanglant dans lequel le pays s'est retrouvé entraîné durant plus d'une décennie. Aussi a-t-il tenu à faire comprendre que l'action du gouvernement ne s'inscrit pas uniquement dans le factuel, mais que celle-ci fonctionne sur une logique bâtie sur le long terme afin de permettre à l'Algérie de gagner la bataille du développement après avoir remporté la guerre contre le terrorisme. Au chapitre relatif aux réformes économiques, il a tenu à souligner que « l'Etat se renforce à travers ses réformes qui se déroulent peut-être lentement, mais qui seront toutes conduites à leur aboutissement ». La bataille du développement M. Ouyahia a expliqué que le ralentissement connu par certains chantiers est dû aux « effets induits par la crise et l'affaiblissement que l'Etat a connu ». Toutefois, il a rassuré que « l'autorité de la loi sera rétablie dans tous les domaines ». « Cela prendra du temps certainement, à la mesure des terrains à reconquérir, mais cela aussi se fera, et les moyens qu'il faut n'ont pas été négligés. Le redressement national se poursuit au milieu d'une bataille qui prend chaque jour une importance plus grande : la bataille du développement », a-t-il indiqué. Toujours à propos de la conduite des réformes et du rétablissement de l'autorité de l'Etat, Ahmed Ouyahia a souligné que « le gouvernement est chargé d'y investir sa plus grande attention ». Il fera comprendre que son équipe fera sauter tous les verrous, y compris les intérêts maffieux et parasitaires qui se sont formés durant la période du terrorisme, à l'image du phénomène de la contrebande. « L'Etat ne se laissera pas détourner par des manœuvres parallèles ou par des batailles d'arrière-garde. Les instructions de Monsieur le président de la République sont claires en la matière et la détermination du gouvernement est aussi clairement établie », a-t-il assuré. Sur un autre plan et bien que certifiant que la situation socioéconomique du pays pour l'année 2005 a été bonne (voir encadré), le chef du gouvernement a averti que le développement a encore beaucoup de chemin à faire. Il est donc important, selon lui, de jeter les bases de la prospérité fondée sur d'autres éléments que le pétrole. « Une prospérité fondée sur le pétrole est fragile. La stabilité nationale doit être d'abord fondée sur le développement », a-t-il dit. Pour lui, l'enjeu est de mener à terme l'ouverture économique du pays sur le monde tout en veillant à le mettre à l'abri des imprévus. Et pour parer justement aux imprévus, il a souligné la nécessité de réaliser le désendettement (voir encadré), d'améliorer le sort de la population et de jeter les jalons d'un développement durable. A ce propos, Ahmed Ouyahia a indiqué que son gouvernement a élaboré, sur instruction du chef de l'Etat, une politique économique qui permet justement de prendre en charge ces données. Une politique, a -t-il rappelé, qui s'est traduite, entre autres, à travers le lancement du plan de soutien à la croissance économique et la création des fonds du Sud et des Hauts Plateaux. M. Ouyahia a précisé que les trois programmes publics de développement mis sur pied sont dotés d'une enveloppe financière qui s'élève à près de 100 milliards de dollars. Des programmes qui ont déjà permis de livrer, à titre d'exemple, 250 000 logements et la création de 684 000 emplois. A propos du dossier du logement, il a assuré que le gouvernement tiendra sa promesse de construire 1 200 000 unités en cinq ans. Tout autant, a-t-il signifié, qu'il veillera à moderniser et à régler davantage la « machine Etat » de façon à la rendre plus percutante dans la lutte contre les fléaux qui dérangent les citoyens et l'économie et à réaliser les projections décennales de développement national sur lesquelles le gouvernement aura à fonder ses actions. w CADRE MACROéCONOMIQUE Croissance : 5,1% PIB : 101 milliards de dollars US PIB par habitant : 3100 dollars US Inflation : 1,6% w INVESTISSEMENT : Montant global : près de 1200 milliards de dinars (plus de 16 milliards de dollars US), dont 730 milliards de dinars (plus de 60%) par l'Etat, près de 250 milliards de dinars par l'outil économique national (3,5 milliards de dollars US) et plus de 200 milliards de dinars par les entreprises étrangères (2,8 milliards de dollars US). Situation socioéconomique de l'Algérie en 2005 - EMPLOI : 684 000 emplois créés - DETTE EXTERIEURE : 15,5 milliards de dollars US à la fin février 2006. Elle était de 16,4 milliards de dollars US au 31 décembre 2005 et de 21,4 milliards de dollars US au 31 décembre 2004 (baisse de 6 milliards de dollars US en 14 mois). En 1992, l'Algérie a consacré près de 9,3 milliards de dollars US au service de la dette. De 1985 à 2005, l'Algérie a versé 117,9 milliards de dollars US (près de 84 milliards de dollars US du remboursement principal et 34 milliards de dollars US d'intérêts). - HABITAT : Logements réceptionnés : 134 000 unités Logements réceptionnés en 2004 : 116 400 unités Total 2004-2005 : 250 000 logements 600 000 unités en chantier à la fin 2005 800 000 unités en chantier à la fin du premier semestre 2006 .