Hugo Chavez a été réélu – brillamment – pour la troisième fois à la tête du Venezuela. Une surprise ? Peut-être pour ceux qui mènent à distance une campagne de discrédit contre sa personne et son régime. Hugo Chavez est, en effet, l'hydre à laquelle il fallait couper la tête pour éviter qu'elle ne fasse trop d'émules en Amérique latine et ailleurs. Pour le monde néolibéral, cet homme, qui incarne le nouveau Simon Bolivar, est sans doute un fantôme dont ont veut se débarrasser. Et pour ce faire, la propagande, la médisance, les chiffres préfabriqués et le soutien des hommes de main téléguidés depuis Washington constituent des armes de destruction massive avec lesquelles ils espéraient abattre un homme stoïquement debout. Mais ils ont oublié un détail de taille : si Hugo Chavez est encore debout, c'est parce qu'il est précisément bien assis… Pour ses millions de partisans au Venezuela, sa réélection n'est donc guère une surprise. La marée humaine qui a défilé, il y a quelques jours, comme une armée rouge dans les artères de Caracas, est un indice qui ne trompe sur la popularité de Chavez. Et ce ne sont pas les sondages bidon et autres spéculations d'experts à la petite semaine qui vont contredire un soutien populaire massif à un homme qui brigue pourtant un troisième mandat. L'usure du pouvoir et la maladie ne semblent pas avoir entamé la volonté de cet homme, qui développe un rapport presque fusionnel avec son peuple. C'est toute la différence avec les dictateurs «conventionnels» en poste dans la majorité des pays africains entre autres. Pendant que Chavez se rapproche chaque jour un peu plus de ses compatriotes, à qui il redistribue la richesse de son pays, les potentats d'ailleurs prennent leurs distances des peuples dont ils ne tiennent pas assez souvent leurs mandats. C'est tout le sens du contre-exemple que nous donne à voir le Venezuela : un Président adulé, en phase avec son peuple qui n'hésite pas à lui témoigner sa confiance contre les vents et marées en provenance de l'Occident. Un Occident sans doute jaloux de voir son paradigme démocratique tourné en dérision par un peuple qui chante en chœur un hymne bolivarien d'inspiration et humainement révolutionnaire face à un libéralisme sauvage. En l'occurrence, la réélection de Hugo Chavez est une belle leçon latino-américaine pour tous les peuples du monde obnubilés par le tropisme américain et plus généralement occidental. «El Comandante» qui est sorti des urnes – sans double-fond – pour la troisième fois, comme en témoignent les organismes de surveillance des élections, montre au monde entier que la démocratie version néo-libérale n'est pas une fatalité. Son concurrent, Henrique Capriles Radonski, âgé de 40 ans, a sportivement reconnu sa défaite : «Pour gagner, il faut savoir perdre», a-t-il concédé. Quelle précoce sagesse ! Sans doute que ce jeune compétiteur a pris la mesure de la popularité de Chavez qui a mobilisé 80% des électeurs vénézuéliens. L'institut américain Gallup semble avoir percé le secret du mode Chavez : «Le Venezuela est la 6e nation la plus heureuse du monde.» Point barre.