Acquérir un mouton pour célébrer le rite religieux (sunna d'Abraham de l'Aïd El Ad'ha) est devenu impossible pour bon nombre de chefs de familles dans la wilaya de Bouira, tant le coût de la bête du sacrifice est trop onéreux. Tout le monde est de cet avis, y compris des familles aisées. Le mois de ramadan, puis l'aïd El Fitr, puis la rentrée scolaire ont englouti toutes les économies chez des familles. «Les prix du mouton du sacrifice sont excessifs partout ; chez l'éleveur ou au marché hebdomadaire, alors que mes poches sont vides. Dans ce cas de figure, je n'ai pas d'autre solution que de m'en passer de ce rituel cette année, d'autant plus qu'il n'est pas une obligation religieuse», dira un père de famille, résigné. Certains moutons mis vente dans les souks ne pèsent même pas 30 kg, mais ils sont renchéris à plus de 40 000 DA. La quantité de viande réelle à tirer, selon un boucher professionnel, ne dépasserait pas 20 kg, ce qui reviendrait à quelque chose comme 2000 DA le kg. Le prix de la viande rouge sur le marché augmente aussi crescendo à l'approche de l'aïd. Il se situe à environ 1300 DA le kilo. De nombreux pères de familles n'ont pas cherché à trop se fatiguer en calcul sur ce sujet ; l'option de l'achat directement de la viande d'ovin ou de bovin est vite trouvée. D'autres encore se sont organisés en groupe pour s'acquérir un veau à sacrifier eux-mêmes et à partager équitablement. En revanche, le sacrifice d'un caprin est «mal vu» chez certaines familles. «C'est une culture chez nous de sacrifier un mouton et pas autre chose», arguent-elles. D'autres encore trouvent une «certaine répugnance» à consommer la chair de bouc. Toujours concernant la flambée des prix du mouton, des revendeurs en détail s'en dégagent de toute responsabilité. «Nous ne sommes pour rien. La marchandise passe par plusieurs mains avant d'arriver au consommateur. Avant l'aïd de l'année passé, j'ai vendu plus de 150 têtes, alors que cette année, je n'en ai pas écoulé une quinzaine», nous dira un maquignon. C'est le cas aussi pour les prix de fruits et légumes qui ne cessent de connaitre des hausses. Le kilo de tomate est passé de 50 à 90 DA sur la plupart des marchés de la wilaya. Les haricots verts sont à 170 DA le kilo, la pomme de terre à 60 DA, etc. C'est devenu une habitude pour le consommateur de rester impuissant devant les prix qui s'enflamment à chaque occasion, notamment lors de fêtes relieuses.