Le directeur général de la chaîne TV4 a été condamné à six mois de prison avec sursis assortie d'une amende de 200 000 DA. Il doit également verser 100 000 DA de dommages et intérêts aux trois victimes. Le tribunal de Sidi M'hamed a rendu, hier, son verdict dans l'affaire du harcèlement sexuel opposant le directeur de la chaîne d'expression amazighe, Saïd Lamrani, à deux journalistes et une scripte de la même chaîne. Le directeur général de la chaîne TV4 a été condamné à six mois de prison avec sursis assortie d'une amende de 200 000 DA. Il doit également verser 100 000 DA de dommages et intérêts pour les trois victimes, alors que, le 30 septembre dernier, le procureur avait requis un an de prison ferme et 50 000 DA d'amende. M. Lamrani, directeur de cette chaîne depuis 2009, poursuivi pour harcèlement sexuel, n'était pas présent hier à l'audience. Les témoins à charge non plus. En revanche, les victimes ont tenu à assister à cette séance. Si certaines organisations féministes ont qualifié de grand pas cette condamnation, d'autres, et à l'instar de l'avocat des plaignantes, maître Dilem, ont estimé que la peine dont a écopé l'accusé est très minime. Celui-ci n'a pas caché sa colère : «Le condamné mérite la peine maximale. Du point de vue pénal, six mois de prison avec sursis et 200 000 DA d'amende, ce n'est pas assez fort. D'autant plus que le procureur avait requis un an de prison ferme. J'espère que le parquet fera appel», explique-t-il. Maître Dilem compte conseiller à ses clientes, lors des prochaines rencontres de faire appel. «Ce dossier n'est pas encore clos. Ce verdict n'est qu'une première étape», estime maître Dilem. De son côté, l'avocat de la défense a affiché son mécontentement en dénonçant l'exploitation de cette affaire par certaines associations féministes et ONG pour la défense des droits de l'homme. «La mobilisation est venue très tardivement», a-t-il déclaré. Pour sa part, Soumia Salhi, militante féministe et présidente de la Commission des femmes travailleuses et de l'Association pour l'émancipation de la femme (AEF), a qualifié de victoire ce qui s'est passé hier au tribunal de Sidi M'hamed. Pour elle, le 14 octobre 2012 restera inscrit comme jour de triomphe du combat contre le harcèlement sexuel en Algérie. «C'est une première en Algérie ! Dorénavant, le harcèlement n'est plus un tabou, les victimes peuvent déposer plainte sans craindre les représailles», lance une militante des droits de l'homme. Soumia Salhi explique que cette condamnation est une victoire pour ces trois femmes et leurs témoins qui ont été d'un courage exceptionnel et qui ont résisté pendant plus de deux ans aux intimidations, brimades, marginalisation et mesures de rétorsion administrative. «C'est grâce à ces trois femmes et à leurs témoins que le silence qui écrase les victimes du harcèlement sexuel dans notre pays a été rompu», s'est réjouie Mme Salhi, qui tient à saluer le courage des victimes, et rendre hommage aux témoins et à la mobilisation des associations et des citoyens dans cette affaire. Avec ce procès, notre interlocutrice est convaincue que la honte et la peur ont changé de camp.