Convaincu que la situation de paralysie politico-économique dont souffrent les territoires palestiniens depuis la formation du gouvernement par le mouvement islamiste Hamas, en mars dernier, ne peut durer indéfiniment, le président Mahmoud Abbas a affirmé, mardi soir, qu'il prendra des mesures concrètes afin d'y remédier. En effet, les Palestiniens subissent depuis cette date un embargo international sous la houlette des Etats-Unis et de l'Union européenne, jadis principaux donateurs de l'Autorité palestinienne, qui considèrent que le gouvernement palestinien découlant des législatives palestiniennes de janvier dernier est formé par un mouvement terroriste avec lequel ils ne peuvent traiter. Cet embargo, qui a privé les Palestiniens des ressources financières directes qui lui permettaient de faire fonctionner ses institutions, a été aggravé par l'état de siège et le blocus permanent qu'impose l'Etat d'Israël aux territoires palestiniens. L'impact du blocus israélien s'est fait sentir sur la vie économique dépendante de l'Etat hébreu. Le gouvernement a été incapable de briser l'embargo à cause du refus catégorique du mouvement Hamas de se plier aux conditions posées par la communauté internationale, en l'occurrence la reconnaissance de l'Etat d'Israël ainsi que des accords signés précédemment et l'arrêt de la lutte armée. Ces divergences ont évolué en affrontements armés sporadiques entre militants des deux camps faisant des dizaines de morts et de blessés. Après l'échec de la tentative de la formation d'un gouvernement d'union nationale, le président Abbas s'apprête à prendre très prochainement des décisions aptes à faire sortir de la crise. « Dans un proche avenir, il nous faudra parvenir à des options nous permettant de sortir de cette crise le plus tôt possible (...) Il est impossible de rester dans cette situation », a dit Abbas lors d'une conférence de presse, mardi soir, à Ramallah, en Cisjordanie occupée. Le président palestinien, qui s'adressait à des journalistes, a fait porter au Hamas la responsabilité de l'échec de la formation d'un gouvernement d'union. Il a en outre annoncé qu'il n'existe d'interdit que la guerre civile qui reste une ligne rouge à ne pas dépasser. Prié de dire s'il tiendrait un référendum, le président palestinien a répondu : « S'il n'y a aucun texte constitutionnel sur une question qui se pose, je consulterai le peuple et organiserai un référendum sur la question. » « La loi fondamentale palestinienne, qui tient lieu de Constitution, autorise le président à limoger le gouvernement, mais elle n'évoque pas, par exemple, l'organisation d'élections anticipées. » « Un gouvernement incapable de lever le siège est inutile », a martelé Abbas en faisant référence à l'embargo international et aux blocus imposés par Israël . « Si je ne peux régler les problèmes des gens, je suis inutile », a-t-il dit. Par la voix d'Oussama Hamdane, un haut responsable du Hamas résidant au Liban, le parti islamiste a accusé le président Abbas de se conformer aux directives israélo-américaines. « (Le Hamas) dit qu'un gouvernement de professionnels est une option américaine. Qu'est-ce que cela signifie ? Ils disent (...) que c'est une option sioniste, ils doivent arrêter — ce type de déclarations ne nous fait pas peur », a assuré Abbas. Il a reproché au Hamas de ne pas avoir le courage de proposer des solutions pour sortir de la crise. Sur un autre plan, Israël semble décidé à entreprendre une opération de très grande envergure dans la bande de Ghaza. Pour la première fois depuis le retrait israélien, des dizaines de chars et de blindés se sont positionnés à quelques mètres du point de passage de Rafah, reliant la bande de Ghaza à l'Egypte. Ces menaces devraient être suffisantes à pousser les Palestiniens à réfléchir à faire sortir le peuple de la crise dans laquelle il plonge chaque jour de plus en plus profondément. Le remède est de laisser de côté les agendas propres à chaque mouvement ou à chaque parti et de promouvoir celui de l'intérêt national.