Dans une projection visualisée, les chiffres contenus dans un bilan d'accidents de circulation mortels depuis 2004 à 2011 donnent froid au dos. Le nombre d'accidents mortels se produisant quasi quotidiennement sur les routes nationales va crescendo et l'année 2011 a été le point culminant de l'hécatombe routière qui a atteint le taux annuel record de 4 598 décès avec 6 6361 blessés dont des dizaines de milliers resteront handicapés à vie. Ces chiffres effroyables ont été donnés par Mohammed Lazzouni, formateur et spécialiste de la circulation routière au cours d'une journée de formation initiée et assurée récemment à Béchar par la filiale Maintenance Prestation Véhicule (MPV) du groupe Sonelgaz au profit de ses employés conducteurs qui sont au nombre de 670 éparpillés à travers les régions du pays. M. Lazzouni a été formel : la somnolence au volant est l'une des premières causes d'accidents de circulation sur les routes qui deviennent de plus en plus meurtrières, devançant ainsi les causes classiques d'accidents tels l'alcool et l'excès de vitesse. Il a souligné, à la surprise générale, que 35% à 40% d'accidents sont le fait de la somnolence des conducteurs. Et de citer à l'appui de ses affirmations, les nombreux cas éloquents recensés et survenus dans la nuit sur de longs et fatigants trajets au Sud (Ghardaïa, Ouargla et Reggane) entre 2 heures et 5 heures à des moments où la vigilance baisse et le conducteur atteint, dit-il, un état d'hypovigilance après 17 heures de veille continue. «L'hypovigilance est semblable à celle d'un conducteur en état d'ivresse», ajoute-t-il. Le spécialiste de la circulation automobile indique aussi que l'utilisation du portable au volant, entraînant des moments d'inattention prolongée, est beaucoup plus dangereuse que la négligence du port de la ceinture de sécurité, selon son analyse. M. Lazzouni a réfuté le classement de l'Algérie peu honorable à la 4ème place mondiale dans le triste palmarès des accidents de la route. Sur quels critères ces spécialistes se sont-ils basés pour positionner l'Algérie à cette place ? s'est-il interrogé. Avant d'achever son intervention, il a annoncé à l'assistance la création récente d'une Clinique de sommeil à Béni Messous chargée d'accueillir et d'analyser les cas des ronfleurs et autres victimes de la somnolence.