Malgré les menaces de sanction, les représentants des commerçants restent sceptiques sur les possibilités d'application des mesures dictées par les ministères de l'Intérieur et du Commerce. Les ménages seront encore saignés à blanc durant les jours de l'Aïd. Les prix des produits de large consommation sont appelés à être augmentés en raison de l'indisponibilité des marchandises. Une indisponibilité engendrée essentiellement par «l'impossibilité» d'imposer aux commerçants et aux artisans d'ouvrir les jours de fête. Malgré les menaces de «sanctions allant jusqu'à la fermeture temporaire des locaux» adressée par les ministères du Commerce et de l'Intérieur, les représentants des commerçants restent sceptiques sur les possibilités d'application de ces mesures consistant à obliger une partie des personnels employés à travailler durant les jours fériés. Des directives, faut-il le rappeler, ont été adressées il y a deux jours aux walis, aux chefs de daïra et aux responsables du registre du commerce afin de veiller à la permanence du service public, notamment pour les commerçants exerçant dans l'alimentation générale, les fruits et légumes, les distributeurs de lait, les boulangers et les transporteurs. L'UGCAA a lancé un appel à tous les commerçants pour assurer le service pendant les fêtes. Ayant appelé les pouvoirs publics à encadrer juridiquement la permanence, l'UGCAA évoque toutefois de problèmes qui peuvent rendre «impossible» l'application des directives des hauts responsables. Et pour cause, le texte auquel se réfèrent les responsables des secteurs du commerce et de l'intérieur sont toujours au stade de projet de loi que le ministère du Commerce a lancé depuis 2011. «Sans ce texte, les commerçants et gérants de réseaux de distribution ne disposent pas de moyens juridiques ou légaux pour faire travailler leurs personnels. Comment compenser un travail durant l'Aïd, sachant que les ouvriers viennent d'autres régions, en dehors de celles où ils travaillent», alger vide 02 lyes explique M. Boulenouar, porte-parole de l'UGCAA. Outre les boulangeries, les personnes travaillant dans les champs sont aussi concernées. D'ailleurs, à quelques jours de l'Aïd, la pénurie a commencé à se faire sentir dans les marchés des fruits et légumes. Les prix ont connu une hausse sensible au niveau des marchés de gros et la tendance haussière risque de durer jusqu'à l'après-Aïd. Ainsi, les prix affichés au niveau des principaux marchés de gros du Centre sont inaccessibles : 50 DA/kg pour la pomme de terre, 80 à 100 DA/kg pour la tomate, 120 DA/kg pour la courgette et la carotte et 130 DA/kg pour les haricots verts, soit une augmentation de plus de 20% par rapport aux prix de la semaine dernière. Malgré toute la bonne volonté des détaillants à assurer le service, aucun effet ne sera palpable sur le terrain si les marchés de gros restent fermés et les réseaux de distribution en rupture. A rappeler que 30% des commerçants ont adhéré à l'appel de l'UGCAA, selon la même organisation, qui ne compte que 20 000 adhérents sur environ un million de commerçants exerçant à l'échelle nationale, soit 2% seulement.