Le service minimum sera-t-il assuré le jour de l'Aïd ? Beaucoup en doutent, vu que des commerces ne sont pas restés ouverts durant les dernières fêtes religieuses. Le consommateur, désarçonné, sera contraint de faire le tour de la ville pour trouver une boulangerie, une boutique d'alimentation générale ou une gargote ouverte le jour de fête ou même après. «La ville se vide de ses commerçants qui prennent la poudre d'escampette. C'est durant les jours de fête que je prends conscience qu'Alger est un gros bourg. La capitale fonctionne avec l'ouvrier de Jijel ou l'employé de Kabylie, de Aïn Defla ou de Médéa qui rentrent chez eux pour passer la fête avec leurs familles. Les propriétaires, quand bien même ils voudraient rester ouverts, y souscrivent de bon cœur», fait remarquer Khaled, qui voit les magasins de son quartier de Belouizdad fermés. Excepté les stations Naftal, quelques rares pharmacies ou même l'Etusa qui assurent le service minimum, les commerçants privés n'en font, au grand désarroi du consommateur lambda, qu'à leur tête. Ni les injonctions du ministère du Commerce ni même les «appels de sensibilisation» lancés par l'Union générale des commerçants et artisans (UGCAA) à la veille des jours fériés n'ont dissuadé les propriétaires de boutiques de rester ouverts. «Nous déplorons cette situation. Nos appels n'ont malheureusement pas eu l'effet escompté. Moins de 40% des commerçants respectueux assurent la permanence», déplore M. Boulenouar, porte-parole de l'UGCAA. Raison principale : l'absence d'une réglementation sur les jours fériés dans les commerces. «Un projet de décret, souligne le porte-parole de l'UGCAA, a été annoncé par le ministère au Ramadhan dernier, mais il n'est toujours pas adopté. Le commerçant ne peut obéir à l'injonction d'assurer une continuité de service en l'absence d'une loi coercitive. Notons toutefois qu'un problème de culture se pose aussi. Chez le voisin marocain, une loi non écrite fait que des commerçants ouvrent les jours de fête. Nous souhaitons que cette culture s'installe, même sans l'adoption d'une réglementation contraignante.» Le porte-parole de l'UGCAA appelle, néanmoins, ses adhérents à assurer la distribution des produits de première nécessite (pain, lait…). «Nous souhaitons que les commerçants prennent conscience de la situation des consommateurs désappointés. Ils peuvent ainsi rester ouverts une partie de la journée ou même un jour sur deux. Les autorités doivent assumer leur rôle et alimenter les marchés de gros de fruits et légumes et les stations-service», souligne M. Boulenouar. L'Union nationale des boulangers assure que des commerçants sont restés ouverts lors des dernières fêtes. Décision a été prise d'ailleurs de reprendre les mêmes listes des boulangeries qui «vont assurer la permanence» le jour de l'Aïd. «La liste des boulangeries de permanence établie à l'occasion de l'Aïd El Fitr dernier sera reprise pour l'Aïd El Kebir. Le bureau de wilaya de l'Union des boulangers a confectionné ces listes en collaboration avec la DCP. Le taux de suivi a été presque de 100%. Sur les 1500 boulangers en exercice à Alger, pas moins de 650 ont ouvert les deux jours de l'Aïd», se réjouit Youcef Kalafat, qui affirme que des boulangers, qui n'étaient pas de permanence, ont «assuré le service». Seule précision du responsable de l'Union : «Les consommateurs doivent savoir que les boulangers fermeront au-delà de 13h. Les achats doivent se faire donc le matin juste après la prière de l'Aïd.» L'installation de commissions mixtes de régulation du calendrier de permanence des commerçants réglera-t-elle le problème des files d'attente devant la boulangerie ou l'épicerie du coin ? Rien n'est moins sûr.