Les commerçants en alimentation générale se montrent favorables pour assurer le service public durant les jours de l'Aïd. Leur crainte, c'est la rupture de la chaîne de distribution. L'Aïd revient. Ses tracasseries aussi. A une semaine de ce rendez-vous, les citoyens s'inquiètent déjà pour l'approvisionnement en produits de première nécessité. La loi qui permet de régir l'activité commerciale durant les jours fériés est inexistante. Son projet traîne à voir le jour. «Il (le projet de loi) est bloqué depuis le début de l'année 2011 au niveau du gouvernement», affirme M. Boulenouar, porte-parole de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA). Les commerçants en alimentation générale interrogés à ce sujet se montrent favorables pour assurer le service public durant les jours de l'Aïd. «Je vais ouvrir durant la matinée pour permettre aux gens de s'approvisionner», assure un commerçant d'alimentation générale au niveau de la rue Larbi Ben M'hidi à Alger-Centre. Mais ce dernier soulève un problème lié à la chaîne de distribution : «Il suffit que les distributeurs s'arrêtent une journée pour que la pénurie surgisse.» Un autre, qui tient une boulangerie à la place du 1er Mai, affirme après un moment d'hésitation : «Je vais agir en fonction du nombre des ouvriers qui accepteront de travailler les deux jours de l'Aïd, car la plupart résident hors d'Alger.» Y a-t-il un moyen pour imposer à ses travailleurs d'assurer la permanence à tour de rôle ? «Je ne peux pas leur imposer de rester», avoue le gérant de la boulangerie. Pourtant, ce sont des travailleurs comme tous ceux qui assurent le service public dans les autres secteurs. Pourquoi alors dans les boulangeries n'en font-ils qu'à leur tête ? «Il y a un manque énorme de main-d'œuvre qualifiée en boulangerie. Les centres de formation sont insuffisants», explique le porte-parole de l'UGCAA, rappelant que plus de 40 millions de baguettes sont produites chaque jour. Le manque de main-d'œuvre qualifiée n'est pas sans conséquence sur la fabrication du pain et la gestion des boulangeries d'une manière générale. M. Boulenouar souligne que les employés dans les boulangeries exercent une pression sur leurs gérants. Et de poursuivre : «Un gérant d'une boulangerie a demandé à l'un de ses ouvriers de travailler le premier jour de l'Aïd. Celui-ci a quitté carrément son poste au lieu d'exécuter les ordres de son gérant.» Devant cet état de fait, et en l'absence d'un texte juridique imposant aux commerçants d'assurer le service public, les membres de l'UGCCA ont tenté de trouver un accord à l'amiable qui permettra d'assurer la permanence. «Nous essayons d'atteindre 4000 boulangeries qui assureront la permanence durant et après l'Aïd. Ce qui permettra de produire 20 000 baguettes/j», note M. Boulenouar, estimant que le service minimum sera assuré. Il convient de rappeler que plus de 13 000 boulangeries ont été recensées à l'échelle nationale. Pour ce qui est des vendeurs des fruits et légumes ainsi que de l'alimentation générale, l'UGCCA a recensé entre 6000 et 8000 quartiers ou groupes d'habitants. «Il y aura 2 à 3 commerçants qui seront à la disposition des citoyens. Environ 30% des commerçants ont adhéré à cette initiative», rassure le représentant des commerçants. Mais il est à rappeler que l'UGCCA ne compte que 20 000 adhérents sur environ un million de commerçants qui exercent à l'échelle nationale, soit 2% seulement. A cela s'ajoute le problème de la distribution au niveau du marché de gros. Si ces marchés resteront fermés durant les jours de l'Aïd, les initiatives des vendeurs de détail sont vouées à l'échec. A ce sujet, M. Boulenouar dénonce le manque de coordination entre le ministère de l'Agriculture et celui du Commerce. Ce syndicaliste n'a pas manqué de lancer un appel au ministre de l'Agriculture afin d'obliger les agriculteurs à alimenter les marché de gros quotidiennement. Pour les sanctions brandies par le ministre du Commerce, M. Boulenouar se demande si l'on peut réellement sanctionner quelqu'un qui n'a pas respecté une loi qui n'existe pas.