Le président François Hollande, qui doit se rendre fin décembre en Algérie, a consulté, hier, l'historien Benjamin Stora, grand expert de ce pays, sur la dimension mémorielle de cette visite, mais aussi la situation au Maghreb. «Il voulait mon éclairage, mon point de vue», a simplement indiqué l'historien devant la presse, à l'issue d'un entretien de près d'une heure avec le chef de l'Etat, à l'Elysée. Sans dévoiler la teneur de leur conversation, Benjamin Stora a souligné n'avoir «jamais dissocié la mémoire et le passé de l'Algérie, du Maghreb et de l'Afrique du Nord d'aujourd'hui». «Ce sont des problèmes énormes et enchevêtrés qui touchent, au-delà de la mémoire, la question du Mali, la guerre, le terrorisme, l'immigration, les rapports franco-maghrébins, la Méditerranée». Benjamin Stora a de nouveau salué la décision du président Hollande qui avait reconnu une semaine plus tôt la répression «sanglante» de la manifestation d'Algériens du 17 octobre 1961 à Paris, qui avait fait parmi les manifestants de plusieurs dizaines à plusieurs centaines de morts, selon les sources. «C'est la première fois qu'un président français en exercice entre dans la séquence de la guerre d'Algérie et c'est un geste important que les Algériens ont reconnu comme tel», a souligné l'historien, qui s'est dit «sidéré» par les réactions hostiles de ténors de la droite. La France souhaite conclure un «partenariat stratégique» avec l'Algérie à l'occasion de la visite du président Hollande, sans toutefois faire acte de repentance pour son passé colonial.