Consternation et indignation à Azeffoun. Le jeune Aghiles Hadjou, 19 ans, enlevé jeudi dernier, a été retrouvé mort en début de soirée, sur la plage Ijermedhane, près d'Aït Chafaâ. «C'est un drame immense. Inacceptable !», a lâché un citoyen d'Azeffoun contacté hier. Notre interlocuteur nous décrit une atmosphère lourde dans la localité et partout où l'effroyable nouvelle a déjà circulé. La dépouille, découverte selon nos informations, par la caravane qui a sillonné la région pour justement faire pression sur les ravisseurs, a été transportée par des éléments de la Protection civile vers l'hôpital de la ville, avant d'être transférée vers le CHU Nedir Mohamed de Tizi Ouzou. On ignorait, jusqu'à hier en fin de soirée, dans quelles circonstances a été tué le jeune Aghiles, dont les proches et toute la population de la région avaient espéré la libération au bout de plusieurs journées d'angoisse. D'autant plus que c'est ainsi que se sont dénouées toutes les affaires de kidnapping depuis l'apparition du phénomène en Kabylie, si l'on excepte l'exécution par ses ravisseurs d'un garde communal enlevé en 2005 et l'assassinat de Hend Slimana, il y a près de deux ans, alors qu'il résistait à la tentative d'enlèvement qui le visait. «Les kidnappeurs ont abattu sur la région un climat de terreur permanent. Là, le chagrin est incommensurable. La situation s'aggrave de plus en plus et on ne sait plus quelle limite pourrait avoir l'horreur qui s'abat sur nous», fulmine un villageois. Le drame intervient, faut-il le noter, au moment où se tient le procès des éléments d'un groupe de kidnappeurs, l'un des rares à avoir été démantelé et identifié jusque-là. La mobilisation des citoyens, qui ont le sentiment d'être livrés à eux-mêmes, ne fléchit pas, mais il est clair pour tous que l'Etat doit assumer ses responsabilités. Depuis l'enlèvement du jeune Aghiles, les citoyens de la région d'Azeffoun n'ont pas connu de répit. Ils se sont mobilisés pour exiger la libération de ce fils d'entrepreneur. Marches et grèves générales ont été organisées pour dire leur détermination et leur solidarité. Hier, dès le début de la journée, une longue file de véhicules a démarré du chef-lieu de la commune d'Azeffoun pour sillonner les villages limitrophes où les membres de la cellule de crise, mise en place au lendemain du rapt, avaient lancé vers les forêts environnantes des appels à la libération de l'otage. A l'aide de mégaphones et d'une puissante sono, les initiateurs de cette caravane criaient «Libérez Aghiles» et «Halte aux kidnappings». Des appels qui en disent long sur les moyens dérisoires dont disposent les populations pour faire face au phénomène. Le choc est terrible. L'incertitude plonge la région, prise en tenaille entre le terrorisme et le grand banditisme, dans une épaisse tourmente dont les effets sont pour le moins imprévisibles.