L'activité commerciale a repris timidement au troisième jour de l'Aïd. 12h30. La rue Hassiba Ben Bouali grouille de monde. En ce premier jour de la semaine, tous les travailleurs des secteurs public et privé qui ont repris, exception faite de ceux de l'éducation. Cette reprise n'est pas accompagnée par l'activité commerciale permettant de faciliter un tant soit peu le vécu de ces fonctionnaires. «50% des commerçants ont repris dimanche à l'échelle nationale», a déclaré M. Boulenouar, porte-parole de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA). Mais ce taux est loin de refléter la réalité dans la capitale, où l'ouverture ne concerne qu'un commerce sur cinq. Ce syndicaliste estime que la reprise se fait de manière progressive. Entre-temps, ce sont les travailleurs qui sont pénalisés par cette léthargie. A titre d'exemple, des milliers d'ouvriers de la zone industrielle de Rouiba ont galéré, hier, pour trouver quoi manger à midi. «Pratiquement tous les restaurants et les cafétérias activant dans cette zone sont restés fermés», témoigne l'un d'eux. Ce dernier ainsi que ses collègues ont été contraints de se déplacer au centre-ville pour manger. Perte de temps vu la distance qui sépare cette zone du centre-ville. Les magasins de produits de première nécessité : épicerie, boulangerie, etc., n'ont pas répondu tous favorablement à l'appel du ministère du Commerce lancé conjointement avec l'UGCAA. Les commerçants sont-ils convaincus de l'utilité de leur activité quant au public ? «Oui, bien sûr», répond un boulanger, estimant avoir accompli sa mission durant cette fête de l'Aïd. Pour la fermeture des autres boulangeries, ce dernier justifie l'attitude de ses confrères. «Chacun a ses raisons», argumente-t-il, sans citer les raisons ayant conduit ces boulangers à lâcher leurs clients. Une autre boulangerie, place du 1er Mai, est resté ouverte, mais pour proposer des pâtisseries. 13h, il ne reste aucune baguette de pain. «Nous avons préparé une grande quantité, mais le nombre de clients venus ce matin était impressionnant», a déclaré le boulanger. Ce dernier explique cet état de fait par la fermeture du boulanger d'à côté. Mais un client favorisé a pu acheter du pain à 13h alors que les étals étaient vides. «Quand on connaît quelqu'un, on peut avoir du pain. Un ami m'a laissé trois baguettes», avoue-t-il en catimini. Au favoritisme des clients s'ajoutent d'autres pratiques malsaines, à savoir la fermeture des boulangeries tout en travaillant en cachette en ces jours de pénurie de pain. Pourquoi ces pratiques ? «Certains boulangers vendent le pain de manière informelle en s'adonnant à la spéculation», a mis en garde M. Boulenouar bien avant l'Aïd. La pénurie de pain entraîne forcément la fermeture des restaurants ; les rares ouverts hier ont été pris d'assaut. Une autre activité relevant du service public, à savoir le transport, a été également perturbée. Les taxis étaient rares ; ceux qui travaillaient imposaient leur diktat. Dans le cas où ils acceptent la destination, ils proposent des courses aux citoyens contraints de se déplacer en ces jours de l'Aïd. Ainsi, les spéculateurs ne cessent d'investir dans les pratiques rituelles chères aux Algériens.