Depuis le premier jour du mois sacré, une pénurie de pain a été fortement ressentie à travers tous les quartiers de la capitale. Les jeûneurs ont été contraints de faire des queues interminables devant les boulangers pour pouvoir s'approvisionner en cette denrée de base ou encore aller l'acheter auprès du marché informel, vendu à 15 DA. Au deuxième jour du mois sacré, un nouveau phénomène a été constaté devant les boulangeries : des bousculades et des disputes entre les clients qui attendaient la cuisson du pain normal, dont le quota a régressé considérablement au profit du pain amélioré, cédé à 15 DA, voire plus, la baguette. Contacté par nos soins, M. Boulenouar, porte-parole de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), a affirmé qu'il ne s'agissait pas vraiment d'une pénurie, mais plutôt d'une petite baisse de la production journalière, due à deux raisons. La première concerne les coupures répétées d'électricité enregistrées durant tout le mois d'août. Les boulangers craignent, en effet, toujours ces coupures qui surviennent brusquement, les pénalisant fortement. C'est pour cela qu'ils ont décidé de réduire considérablement leur production pour ne pas avoir à supporter les pertes engendrées par de telles contraintes. Le deuxième motif est lié aux ouvriers dont la plupart viennent de l'intérieur du pays et donc préfèrent prendre leur congé annuel durant le mois sacré, induisant ainsi une baisse sensible de la production du pain. Le roi de la table fortement demandé durant le Ramadhan M. Boulenouar évoque également une forte demande durant le mois sacré. C'est en fait, selon notre intervenant, «de mauvaises habitudes» que prennent à chaque mois de Ramadhan les consommateurs ; la plupart des Algériens ont souvent tendance à doubler la quantité de pain achetée, juste sous l'effet du jeûne. D'ailleurs, les boulangers le confirment. «Ce sont les mêmes clients qui doublent leur demande. Le pain, c'est le roi de la table en Algérie. Tous les plats sont consommés avec du pain», indique Omar, boulanger à Belcourt, qui ajoutera : «C'est connu, le mois de Ramadhan est un mois de gaspillage. Celui qui prenait trois baguettes prend actuellement 5, voire 6. Le lendemain, on retrouve des tonnes de pain devant les niches à ordures», tout en niant l'existence d'un quelconque manque. Le porte-parole de l'UGCAA a noté que tous les boulangers partis en congé durant le début du mois en cours ont rouvert à la veille du mois de Ramadhan. Maâmar Hantour, président de la commission des boulangers, affirme qu'il n'y a pas eu de manque de pain, notamment dans la wilaya de Tipaza. Selon lui, le problème des coupures d'électricité a été définitivement réglé avec la direction de Sonelgaz, qui a accepté de recevoir les boulangers et les a «indemnisés». Il y a lieu de rappeler que 40% des 1500 boulangeries d'Alger ont été obligés de fermer à cause des coupures répétées de l'électricité depuis le début de l'été. Ces coupures, qui peuvent s'étaler sur une journée, ont causé beaucoup de pertes aux boulangers. Youcef Kalafat, président de la Fédération nationale des boulangers, affiliée à l'UGCAA, a expliqué lors d'une récente rencontre que de près de 20h sont souvent enregistrées sur les coupures d'électricité. Ce qui a entraîné, selon lui, l'apparition d'un commerce informel du pain et la pratique de prix très élevés.