Après sa participation «tactique» aux dernières législatives, le FFS place celle des élections locales sous le sceau d'une «constante de sa stratégie politique destinée à poursuivre l'effort de réhabilitation du politique», a expliqué le premier secrétaire national du parti, Ali Laskri, hier au cours d'une conférence de presse à Alger. Mais il ne se fait pas trop d'illusions quant aux conditions dans lesquelles se déroulera le scrutin du 29 novembre. «Le FFS décide de participer en dépit d'un dispositif législatif qui ignore les principes de libre administration et d'autonomie de gestion financière pour des organes délibérant que constituent les assemblées locales. L'élu se voit dépouillé de ses prérogatives (…)», a développé M. Laskri. Il a dressé un tableau peu reluisant du contexte politique et social qui préside aux élections locales qui a la difficulté de convaincre les électeurs à se rendre en masse aux urnes. Une consultation électorale qui intervient dans «une situation de fragilité tant au plan national qu'international», juge le conférencier. «Jamais le pays ne s'est trouvé aussi vulnérable. Et pourtant, le statu quo politique continue. Les changements espérés ne sont pas venus et cela explique peut-être le manque d'enthousiasme pour cette échéance électorale», fulmine Ali Laskri. Pour lui, si les choses restent en l'état, les élections locales risquent «de n'être qu'une péripétie de plus dans la longue histoire des occasions perdues par un pouvoir qui ne peut pas, qui ne veut pas ou qui ne sait pas entreprendre des réformes». Le FFS invite ainsi Bouteflika à se saisir de ces élections pour faire un geste réformateur. «En tous les cas, c'est la dernière chance pour le chef de l'Etat de prouver son désir de démocratiser le pays», lance Ali Laskri. A cette situation politique défavorable, le premier responsable du FFS s'élève contre les conditions néfastes dans lesquelles se préparent les élections locales. Il a relevé les enquêtes de sécurité menées par «les services de la gendarmerie qui se sont poursuivies à travers différentes localités, et ce, malgré les protestations du parti et les instructions du ministre de l'Intérieur. Ces enquêtes ont concerné non seulement des candidats, mais surtout des candidates, notamment dans la wilaya de Bordj Bou Arréridj». «Est-ce ainsi que l'on prétend encourager la participation de la femme algérienne à la vie politique ?», s'est interrogé M. Laskri. Ce dernier n'a pas manqué par la même occasion de critiquer l'installation «tardive de la Commission nationale de surveillance des élections qui a conféré un pouvoir discrétionnaire à l'administration et aux walis concernant les listes électorales, des candidatures traitées arbitrairement et l'administration qui fait preuve de partialité dans certaines wilayas». Un constat qui préfigure d'une consultation électorale entachée de fraude, selon Laskri pour qui «le régime est habitué. La faraude aura lieu». Le FFS qui participe avec 22 listes APW et 319 listes APC – «modeste» selon Laskri – espère un score honorable, tout en ayant conscience qu'il faut «beaucoup de courage, de lucidité et d'exigence politique pour demander aux électrices et électeurs de se rendre aux urnes».