De la participation «tactique» aux législatives du 10 mai, le Front des forces socialistes (FFS) passe à une participation plutôt «stratégique» aux élections locales du 29 novembre, qui interviennent, selon lui, dans une situation «fragile», tant sur le plan national qu'international. «Pour le FFS, la participation aux élections locales est une constante de sa stratégie politique», a affirmé hier le premier secrétaire du FFS, Ali Laskri, dans sa déclaration liminaire lors de la conférence de presse qu'il a animée au siège du parti à Alger, précisant que «pour cette échéance, sa participation revêt un caractère politique». C'est une «participation liée au contexte et destinée à poursuivre l'effort de réhabilitation du politique, de remobilisation du parti et de la société», a encore ajouté Ali Laskri, qui dépeint une situation «fragile tant au plan national qu'international» dans laquelle vont se tenir les élections locales. «Jamais le pays ne s'est retrouvé aussi vulnérable. Et pourtant le statu quo politique continue. Les changements espérés par les Algériennes et les Algériens ne sont pas venus et cela explique peut-être le manque d'enthousiasme pour cette échéance électorale», juge Ali Laskri qui évoque «la conjonction d'une faiblesse gouvernementale et d'une situation économique et sociale délétère qui persiste». Pour Ali Laskri, si les choses restent en l'état, «ces élections risquent de n'être qu'une péripétie de plus dans la longue histoire des occasions perdues par un pouvoir qui ne peut pas, qui ne veut pas ou qui ne sait pas entreprendre de vraies réformes». Le premier secrétaire du FFS pense même que ces élections dont il dira pourtant en réponse à une question des journalistes qu'elles seront entachées de fraude, constituent «la dernière chance pour le chef de l'Etat de prouver son désir de démocratiser le pays et de renouer avec le projet libérateur algérien, là où il a été interrompu, c'est-à-dire au seuil de l'organisation démocratique et du pouvoir à l'orée de l'Indépendance». Ali Laskri réitère ainsi par cette déclaration, la revendication d'une assemblée constituante chère au FFS qui a décidé donc de participer «en dépit d'un dispositif législatif qui ignore les principes de libre administration et d'autonomie de gestion financière pour des organes délibérants que constituent les assemblées communales et les assemblées de wilaya». «Nous refusons de parrainer des listes de circonstance» Le FFS participe seulement avec 22 listes APW et 319 listes APC à travers 34 wilayas du pays. «Ces chiffres peuvent paraître modestes, mais le parti a refusé de parrainer des candidats et des listes de circonstance», dira Ali Laskri pour justifier le recul de son parti par rapport aux locales de 2007, indiquant que «le parti s'est appuyé sur ses propres militants et s'est ouvert à la société civile à travers la présence de militants du milieu syndical et associatif». Le FFS, estime Laskri, n'est pas un parti régionaliste mais «il est vrai, le centre est notre bastion», reconnaît-il. Laskri n'omettra pas par ailleurs d'évoquer les enquêtes de sécurité menées par les services de la gendarmerie qui «se sont poursuivies à travers différentes localités du territoire national», et qui n'ont, selon lui, pas touché uniquement le FFS. «Mais les autres n'en parlent pas», relève le responsable du FFS. «Ces enquêtes ont concerné non seulement des candidats mais surtout des candidates notamment dans la wilaya de Bordj Bou Arréridj. Est-ce ainsi que l'on prétend encourager la participation de la femme algérienne à la vie politique ?», s'est-il interrogé avant d'évoquer l'installation tardive de la Commission nationale de surveillance des élections, chose qui «a conféré un pouvoir discrétionnaire à l'administration et aux walis concernant les listes électorales» et de relever que des «divergences sont apparues entre le Premier ministre et le ministre de l'Intérieur concernant le vote des militaires». Au sujet de Karim Tabbou qui a lancé son parti politique, Laskri dira seulement que le dossier «est fermé», sur le geste condamnable de l'ancien ministre français de la Défense, il dira : «C'est une réaction honteuse, vulgaire et indigne.»